jeudi 19 février 2009

Journal de Maré de juillet à décembre 2008

Mercredi 30 juillet : Il fait beau et chaud. Nous déplaçons la table de la terrasse à l’ombre d’un arbre. Un petit rosé, une poilée de banane poingo, et… comme il fait chaud… une glace ! Après une batterie de tests in vivo, les scientifiques sont formels : le magnum double caramel se déguste mieux à l’ombre et après un petit rosé.



Samedi 2 août : P.J part plonger avec quelques amis. Mais une défaillance technique l’empêche de partir avec les autres. Il effectue une petite exploration en masque et tuba, tandis que le groupe s’éloigne en bouteille. Ils verront une superbe raie manta ! P.J se réjouit du bonheur de son prochain bien sûr, mais il est un peu vert d’avoir loupé ce spectacle.

Dans l’après-midi, nous partons tous pour la plage de Cengéité. Clémentine met alors son premier pied dans la mer. Mais elle est plutôt terrienne : sa véritable passion reste le sable plutôt que l’eau… pour l’instant !

Dimanche 3 août : Nous avons prévu un pique-nique avec des amis sur la plage de Menaku. Comme il se doit, nous nous rendons à la maison du













Chef de Menaku. Cette maison est com

plètement insolite, à l’image de Pa’Cuki le maître des lieux… Il s’agit d’une maison type indienne de trois étages, avec des ouvertures cintrées et une vingtaine de pièces. Pa’Cuki avait reçu une enveloppe (d'un mystérieux donateur politique...

?). Il a ainsi profité avec un copain pour faire le tour du monde ! Rien de moins (était-ce le but initial de cette enveloppe ? Il y a de gros doutes...). Il en est revenu plein de sagesse et d’usages ! Maintenant Pa’Cuki est devenu un honorable et beau vieillard. Toujours très élégant dans ses vêtements et ses postures, un épais nuage d’eau de Cologne Mont St Michel flotte autour de lui.

C’est un éternel séducteur : les femmes sont sa grande faiblesse, bien qu’il voue un grand

respect pour sa propre femme… Après avoir effectué notre geste coutumier, le Vieux nous fait entrer dans sa salle de réception au rez-de-chaussée de son palais improbable. Une moquette bleu électrique, des distinctions et photos accrochées aux murs, une statue imposante d’aigle, une autre de la vierge, des flèches faîtières, un chandelier juif, une pyramide incas, une odeur pénétrante de salle mortuaire avec un fond de Mont St Michel. Pa’ Cuki nous fait assoir à une grande table en verre. Il siège en patriarche au bout de celle-ci et nous annonce que nous sommes ses hôtes. Ce midi, nous devons manger avec lui et sa famille afin de fêter le retour d’une de ses petites filles de métropole. Notre groupe se regarde sans rien dire, les yeux interrogateurs. En effet, nous avions prévu un pique-nique tous ensemble mais sans rentrer trop tard pour tous nos marmots (six de 4 mois à 2 ans !). Mais on sent bien qu’il est inenvisageable de décliner l’invitation même poliment. Fort habilement, Pa’Cuki embarque Tony pour aller faire un petit tour au magasin. Ils en reviennent avec quelques bonnes bouteilles. Finalement, nous nous asseyons au pied d’un flamboyant sur des nattes, et les petits enfants de la maison nous servent quelques rafraichissements. Le bougna arrive en grande pompe, et nos enfants

sont intrigués par ce plat en feuilles. Nous déballons nos pique-niques afin de les offrir à qui veut. Pa’Cuki mange avec nous, sa femme et ses petits-enfants mangent sur une natte voisine. Alors que nous commençons à avoir soif, je vois Tony blêmir devant les bouteilles de piquettes espagnoles alors qu’il comptait sur son vin… Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, chacun a fini par goûter au nectar espagnol (fort piquant mais fort sucré) afin de se dégraisser le gosier du bougna. Nous passons ainsi un moment inédit, joyeux et convivial qui nous enchante tous. Après s’être inquiété du confort et de la satiété de ses dames, mains sur les épaules et les hanches à l’appui, Pa’Cuki nous propose une sieste. Cette fois, nous déclinons l’offre et nous nous mettons en route pour la plage. Pa’ Cuki monte dans notre voiture. Alors que le chemin devient de moins en moins praticable, P.J gare la voiture, mais Pa’Cuki insiste : il n’y a aucune raison de s’arrêter d’après lui ! Alors on avance ne sachant pas trop comment nous allons revenir… Nous marchons enfin par une falaise où l’on peut apercevoir les ancêtres de Pa’Cuki inhumés dans une pirogue… La plage est assez petite, mais elle se laisse approcher par un très joli chemin, et s’ouvre sur un petit lagon qui tranche avec les eaux

profondes 200 mètres plus loin. Pa’Cuki nous apprend alors qu’à St Tropez, les femmes se baignent nues, qu’il ne faut pas s’encombrer de fausse pudeur pour se laisser aller à l’insouciance tropézienne ! Connaissant le zèle de la gendarmerie tropézienne, nos épouses se sont bien gardées de dévoiler leurs charmes… Pa’Cuki se résignant, les hommes partent alors explorer les fonds marins. Ils admirent poissons et coraux, mais un requin un peu sournois ne leur inspire pas confiance… D’un commun accord, et sans parole, nos hommes reviennent un peu précipitamment vers la plage… Pa’Cuki s’est éclipsé. Le retour est épique puisque la voiture dérape en côte dans les ornières… Arrêt de voiture dans une odeur de caoutchouc brûlé… On décharge les marmots, la mère et la glacière et on pousse les gaz avec un élan d’airbus. Quelques instants plus tard, après dissipation de l’épaisse fumée blanche qui étouffe la piétaille restée à l’écart, le bolide a franchi l’obstacle et enchaîne sur 300 mètres sa lancée pour un dégagement total. Nous retrouvons Pa’Cuki chez lui complètement ivre, mais debout. Tellement droit et fixe qu’il semble prêt à s’effondrer. Le coup de grâce nous est asséné lorsque l’on s’aperçoit qu’il a à la main le bon vin que Tony avait acheté pour le repas… Une sombre piquette nous avait été servie à la place !

Lundi 4 août : Ernest, un des agents d’entretien du Collège souhaite passer un examen afin de devenir titulaire de son poste. P.J se fait fort de préparer son champion. En effet, un oral pour les gens d’ici, ce n’est pas évident car il faut faire l’opposé de ce qu’ils sont habituellement sans pourtant trahir ce qu’ils sont réellement. D’une personne timide, au regard fuyant, au complexe d’infériorité indéboulonnable, il faut s’entraîner à être ouvert, assez loquasse pour diminuer le temps des questions, souriant, regarder le jury dans les yeux, se tenir droit mais pas rigide, parler à haute voix, se mettre en valeur, etc… P.J lui préparera sa présentation, et organisera 6 entraînements en conditions réelles en demandant au Principal et à son secrétaire d’Intendance de siéger avec lui dans un jury sans concessions. Résultat, Ernest a été reçu 9e sur 66. Ernest avoue avoir retrouvé exactement le ton et les questions de son entraînement. Il s’est senti à l’aise. P.J est fou de joie, et il n’est pas le seul !


Mardi 5 août : Un colis nous arrive de Fnac Eveil ! Aloha est excitée. Samaman lui a

acheté un petit bureau, et Sonpapa lui a choisi un déguisement de chat… Elle passera le restant de la journée dans sa peau de chat, à se rouler par terre, à grimper dans les arbres et à miauler à en rameuter tous les mâles du quartier ! A.V est même parfois obligée d’aller faire des courses en pleine séance féline d’Aloha... Alors, un étrange attelage se met en branle, et il n’est pas rare de croiser chez l’épicière ou au marché un gros chat orange donnant la main à une maman un peu confuse. Au milieu des robes mission et des ignames, le décalage est certain…

Mercredi 6 août : Clémentine dépasse le stade de la coccinelle : elle arrive maintenant à se retourner sur le ventre quand elle est sur le dos. Elle arrive également à se tenir assise, façon château branlant, et cela lui ouvre de nouvelles perspectives…

Samedi 9 août : Soirée Tarot avec Yvon, Claire et Fabien. On ne se laisse pas faire, loin de là ! Pastis, cahors et enfin champagne ! Mais avant que P.J se fasse couper son roi, pendant qu’A.V se tente le passage du petit dans un jeu à coupes, et après qu’Yvon affiche sa misère d’atout, on entend du bruit dans la salle de bain. Aloha, que nous croyions couchée depuis ½ heure, est en fait en train de se barbouiller le visage de tout ce qu’elle peut trouver dans la trousse de maquillage d’A.V ! Nous sommes stupéfaits, par quel instinct féminin a-t-elle su se mettre du rimmel aux yeux et du rouge à lèvres sur sa bouche puisqu’A.V ne se maquille pratiquement jamais ??? Inné ou acquis ?

Dimanche 10 août : Petits yeux. Heureusement, les filles se réveillent à 9h… Tandis qu’A.V apporte la dernière retouche à la liste de courses démesurée, P.J prépare son sac… En effet, il a un rendez-vous chez le cardiologue à Nouméa pour son arythmie qui devient envahissante nuit et jour. Cette visite sera propice à un marathon dans les magasins ! Aloha est toute retournée du départ de Sonpapa. Heureusement, Samaman la branche devant les Barbapapa qui lui remettent du baume au cœur. Finalement on est bien peu de choses…

Lundi 11 août : P.J se fait poser un appareil qui enregistrera son rythme cardiaque sur 24 heures. Et c’est parti pour les courses, pendant toute la journée, un repas au volant de la voiture réduit à quelques figues et un perrier. A 19h00, il est hébergé chez Angie et Christophe. Un appel à la maison sur Maré arrache enfin les premiers mots d’Aloha au téléphone : « Aho Papa ? Oui, oui, non, aurevaaar ! ».

Mardi 12 août : Le cardiologue ne décèle aucune anomalie physique, juste trop de stress… P.J est surpris car il se trouve bien moins stressé qu’avant. Le cardiologue demande alors ce qui s’est passé avant, et pense qu’à la faveur d’un relâchement, le corps fait ressortir ce qu’il a d’enfoui. Derniers soubresauts des souvenirs ? C’est à nouveau le rush des courses puis du dépôt au fret maritime et aérien. Puis enfin, P.J apprécie son avion retour même s’il a 2h de retard…

Mercredi 13 août : Cela fait plusieurs fois que nous allons chercher Aloha chez Yvon. Malgré nos réprimandes, elle prend plaisir à rentrer chez lui en son absence par la porte fenêtre ouverte. Et c’est alors pour elle la vie de château sans parents ! Son audace est croissante : Elle allume les lumières, la télévision, fait semblant de téléphoner (on retrouve son téléphone décroché), ouvre les placards de la salle de bain, se maquille avec les stylos de la table basse, et va même jusqu’à prendre des bananes dans le frigo. L’arrivée d’Yvon dans sa maison ne change rien à l’assurance de l’effrontée. Colère et honte des parents, sourire amusé d’Yvon…

Vendredi 15 août : Nous sommes invités à Rawa avec Yvon pour la fête du 15 août. Il fait beau, nous y allons en vélo : Aloha sur le porte-bagages de P.J et Clémentine dans le porte-bébé de Samaman. 6 kilomètres plus loin nous arrivons pour la messe en plein air. Nous sommes cordialement invités à partager le repas de la tribu. Nous avions prévu le coup, nous effectuons ainsi un geste coutumier avec du tissu, de l’huile, du sucre, du riz. Le geste a fait mouche car nous sommes très émus de recevoir en retour une coutume sous la forme d’un bougna énorme enveloppé dans ses feuilles de bananier. Nous passons une excellente journée. Yvon stocke le bougna dans son congélateur. Lorsqu’il le ressortira une semaine plus tard au détour d’une déshérence culinaire, Yvon identifie des choses dans le bougna comme étant selon lui des oiseaux… A la question « Jusqu’où iront se cacher les oiseaux pour mourir ? » la réponse s’est ainsi imposée à notre équipe de recherche : « … jusqu’au cœur du bougna. » Comme Yvon n’est pas très « oiseaux », il en chasse quelques-uns du bougna. Sacrilège ! Chez les Noël aussi on se tente un peu de bougna de Rawa. Une fois réchauffé, le bougna a un fort goût de gibier. Seul P.J le trouve bien à son goût, en suçant chacun de ses doigts. Puis, le gourmet trouvera une griffe bien identifiable dans son assiette… les oiseaux étaient donc des roussettes !


Samedi 16 août : P.J ne cesse de répéter à qui veut l’entendre (c'est-à-dire pas A.V) qu’il est bien dommage qu’un si beau coq, dans la force de l’âge, à pleines plumes et à pleine crête, ne fasse pas profiter à concubine ce que dame nature lui a confiée avec largesse. Aujourd’hui, c’est décidé, Coco le Magnifique ne doit plus rester célibataire. Il fait appel à ses agents pour lui donner une poulette de la meilleure éducation. Hélas, au bout de 8 jours de vaines poursuites auprès des poulettes de la tribu, les agents n’ont gardé en leurs mains que quelques plumes de leurs fugaces volailles. Coco erre alors comme une âme en peine, comme un marin sans mer, comme un fonctionnaire sans prime, comme un kanak sans Number one (bière locale), comme un wallisien sans 4X4...

Samedi 23 août : En allant à la plage de Pédhé, P.J décide de s’arrêter chez la famille native de Coco pour y passer commande d’une poulette… Le vieux acquiesce et nous dit de repasser ce soir. De retour de Pédhé, c’est avec une certaine émotion que nous recevons un précieux colis. Même A.V semble céder à la joie… Arrivés à la maison, nous laissons pour ce soir la poule dans son carton méditer sur sa noce prochaine. De toute façon, Coco est déjà au lit dans son hibiscus. Une heure après nous entendons une voiture qui s’arrête devant la maison… Pétro et sa petite famille débarquent solennellement avec une poulette en offrande au dieu Coco. Nous savons l’effort que représentait la capture de cette poule rebelle depuis 2 semaines, source de petites plaisanteries de ses collègues de travail au sujet de l’impuissance de Pétro face à l’effrontée… Nous ne pouvons décliner l’offre sous prétexte que nous en avons vulgairement acheté une aujourd’hui… Cette deuxième concubine, que nous n’attendions plus, vient alors rejoindre le garage transformé en l’occasion en bordel géant pour poules de luxe.

Dimanche 24 août : Nouveau Prométhée donnant le feu aux Hommes, aux fesses de Coco en l’occurrence, P.J ouvre sa boîte de Pandore laissant s’échapper les belles… Au passage, les belles laissent de délicats présents qui font penser que lorsque Mireille Mathieu réclamait 1000 colombes, elle ne se rendait pas vraiment compte qu’il pouvait s’abattre sur son brushing parfait un mètre cube de guano… Revenons à nos gallinacées : Le coup de foudre, pour ne pas dire le coup de feu, est immédiat, du moins pour Coco. Car les pauvrettes n’ont pas le temps de reprendre leurs esprits que Coco est déjà à l’œuvre pour les générations futures… : Ni une ni deux, crac ma poule, deux œufs ! La petite noire de Wabao de sa tribu native (peut-être sa sœur ?) a en premier les faveurs du monstre de luxure, du Casanova des basse-cours, de la boule de vice écarlate. La poule à Pétro, fidèle à sa vivacité, réussit à avoir un coup d’aile d’avance sur Coco qui est déjà passé au col d’après, car une victoire d’étape n’a jamais suffit à gagner le tour. Mais la Poule à Pétro restera inflexible : elle ne couche pas le premier soir… Le lendemain, la course est repartie à fond de train. Comme un boulet de canon sifflant, la poule bien droite sur ses ergots, et à cheval sur ses principes ne veut rien lâcher. L’échappée n’a que quelques plumes d’avance sur son poursuivant. La descente du fossé, la montée dans les cyprès, maintiennent les distances. Mais le dérapage dans le virage de la maison, et l’emplafonnage dans l’hibiscus a fait fondre l’avance comme neige au soleil… Feu et glace sont bientôt réunis… Déjà, la brave poulette sent dans ses plumes du croupion le souffle chaud d’un Coco aux abois. La suite se déroule dans l’hibiscus entre une vieille branche et une jeune fleur à peine éclose.

Samedi 30 août : P.J avait pourtant vanté les mérites de la poule vertueuse de Pétro aux agents du Collège. Le Principal s’en était même ému en de grandes exclamations et battement d’ailes. Nous étions loin de nous imaginer alors que l’appel à la poule qui avait été lancé comme un cri de détresse dans le désert du célibat de Coco allait avoir un écho si retentissant. Toujours est-il qu’au retour d’une visioconférence au Collège, dans le petit matin calme et brillant, nous retrouvons un carton devant notre porte. Nous laissons Aloha ouvrir le colis. Seule l’enfant ne sait pas encore ce qu’il y a dedans. Effectivement, nous trouvons à l’intérieur une nouvelle poule rousse aussi stupéfaite que nous… A.V parle déjà de meurtre, mais je fais rapidement le point de la situation pour calmer les esprits. En effet, finalement, Coco est un peu seul : la petite noire de Wabao est partie couver dans la brousse, la poule à Pétro est toujours aussi peu docile aux transports amoureux de l’insatiable. La nouvelle rouquine peut apporter de l’équilibre dans le couple en répartissant l’effort du devoir conjugal. Bien sûr Coco est un autre homme depuis qu’il est en charmante compagnie, mais on sent bien que les choses ne sont pas encore pacifiées. Pas plus tard que la veille, alors qu’Yvon venait à notre rencontre dans le jardin, nous avons frôlé l’incident diplomatique. En effet, Coco était perché dans son hibiscus à 3 mètres de hauteur. Profitant de l’absence de son satyre, la poule à Pétro s’activait dans le jardin, afin de glaner à la va-vite quelques protéines volantes avant que la nuit ne tombe. C’était sans compter sur le puits de concupiscence de Coco… Il s’est alors élancé dans un bruyant frou-frou afin de piquer sur la boudeuse. Malheureusement, Yvon s’est trouvé sur la trajectoire, et sa vive esquive a été salutaire pour sa vertu. Finalement la rouquine mutine en prend son parti et rejoint le domicile conjugal. A 18h00, toutes nos volailles se sont tues dans leur hibiscus.


Mercredi 3 septembre : Le CPE apporte au bureau de P.J un carton contenant 3 poussins… trouvés dans la cour de récréation et promis à une mort certaine. N’écoutant que son devoir, P.J ramène au foyer ses chéris… Aloha est aux anges, A.V est un peu verte, Clémentine baille aux alouettes… Malgré les maintes recommandations et menaces de Samaman, Aloha essaie de faire voler un poussin déjà mort. Après la colère, l’heure est à la lourde responsabilité du Père d’expliquer ce qu’est la mort… Joignant le rite à l’explication, P.J trouve une boîte afin de donner à la dépouille sépulture décente. Après quelques secondes de silence imposé, Aloha aide son Père à recouvrir de terre le cercueil de fortune. Elle revient voir Samaman pour lui dire : « Pouchin i est pati ! ». Les deux poussins sont rejetés par les poules et par Coco. Ce ne sont pas leurs enfants, alors ils ne veulent pas s’encombrer de l’inconséquence des autres, voilà c’est comme ça. Du coup, les deux malheureux survivants sont toujours dans nos pieds…

Vendredi 5 septembre : Catastrophe aérienne ! Alors que P.J fait tournoyer Aloha à bout de bras, il sent d’un seul coup sous son pied quelque chose de mou… C’est probablement le premier accident aérien sur Maré impliquant un poussin. Bizarrement, les journaux n’ont pas relayé l’évènement, par pudeur certainement. L’inconvénient, outre la douleur de P.J (pas aussi douloureux que pour le poussin, rassurez-vous), c’est que le dernier des survivants ne nous quitte plus d’une patte, toujours dans nos pieds, accentuant encore les risques à son endroit. Il fiente toutes les 10 mn dans la maison. Nous le repoussons dehors, « Pouchin » piaille derrière la fenêtre et Aloha pleure à chaudes larmes. Car Aloha et Pouchin sont inséparables, à la fois complices et bourreau, leur relation est passionnelle et parfois agitée… Ainsi, Pouchin est mené promptement en poussette sans qu’il juge bon de descendre du carrosse, grimpe aux arbres, se fait baigner, tripoter, crémer au Mixa bébé, et apprend même l’art de la fauconnerie sur le poignet, l’épaule ou la tête d’Aloha (cf effet 1000 colombes). Les parents vitupèrent, grondent, séparent… Mais une fois séparés, tous 2 hurlent, alors c’est la démission. Par ailleurs, son instinct maternel se développe. Nous avons même peur qu’Aloha nous fasse des montées de lait car elle se met à donner le sein à ses poupées…

Samedi 6 septembre : Première récolte dans notre potager. Nous y cueillons notre 1er

radis, ravis. En bons parents, nous donnons le premier produit de notre récolte à Aloha. Elle y donne un coup de dent vif, et la réaction est toute aussi vive : « é pas bon ! a pique ! » dit-elle au sortir d’une grimace. Les parents goûtent alors ce fameux radis, et le recrachent aussitôt : ce radis, c’est du raifort d’ogre !

Dimanche 7 septembre : De retour de la plage, Pouchin a disparu. Probablement mangé par un des chiens errants. A notre grand étonnement, Aloha n’a pas remarqué sa disparition… Ce n’est que 2 jours plus tard qu’elle nous demande : « y est où Pouchin ? ». Nous lui disons qu’un chien l’a emmené. Elle semble attristée mais il n’y pas de drame. 8 Jours plus tard, trompée par le pépiement d’un oiseau elle se précipite sur la terrasse en appelant : « Hou-hou ! Pouchin ! C’est Didi là ! Viens, viens c’est Didi ! » (Didi = Aloha). Petit sanglot quand on lui répète que Pouchin ne reviendra plus.

Lundi 8 septembre : Vacances pour 15 jours. P.J devait coordonner les travaux de 7 entreprises, repoussant ainsi nos vacances sur Ouvéa. Au final, aucune ne viendra : période des mariages sur l’île faisant fuir la main-d’œuvre, problème de bateau, problème d’avion, etc… P.J est déprimé, mais on fait une découverte extraordinaire : pour la première fois, nous sortons nos chaises longues et notre parasol et profitons du temps magnifique qui s’est enfin installé pour lire quand nos filles dorment enfin. Et c’est quand même pas mal. Bien sûr, au début, c’est un peu stressant, on a l’impression de perdre du temps, mais au final on coule dans une douce torpeur. C’est à essayer au moins une fois !

Mardi 16 septembre : Nous réceptionnons au bateau un frigo et une machine à laver. Ca change aussi la vie d’avoir une machine qui essore et un frigo qui conserve à 5° plutôt que 14°C !

Vendredi 19 septembre : Toujours au bateau, nous réceptionnons notre voiture ! Cela faisait 3 mois que nous en sommes servis ! Bloc thermostat, pompe à eau, durite, pneus neufs, batterie, courroie de distribution, klaxon, … Elle est toute pimpante !

A bord de notre véhicule automobile, nous roulons fièrement vers la foire des Iles qui se déroule cette année sur Maré. A l’image des chantiers repoussés de P.J au Collège, la foire est un fiasco… Ce devait être l’évènement de l’année mais le bateau est en panne, des vols ont été annulés pour cause de mauvais temps, retenant les touristes comme les artistes qui devaient venir pour le spectacle. Alors les stands sont quasi vides, il pleut, et les rares touristes semblent un peu paumés… Pour la famille Noël, rien ne peut altérer la joie du retour de la petite voiture ! Aloha découvre son premier manège, les parents en sont encore étourdis tant les tours se sont multipliés. Nous avons les stands de restauration pour nous tous seuls, alors nous nous régalons de crabes dans l’un, puis par l’odeur alléchée, nous mangeons un frites saucisse pas piqué des hannetons dans l’autre. Nous revenons le soir afin d’assister au feu d’artifice. Nous apprenons que lors d’un concours de pêche, l’un des concurrents s’est noyé, achevant d’assommer la fête. Quant au feu d’artifice : l’artificier est bloqué sur Nouméa… On retrouve encore les Noël dans une gargote à ripailler de soupe de bénitier !

Dimanche 21 septembre : nous fêtons avec retard (11 sept.) nos 9 ans de mariage au restaurant du Nengoné. Au moins, si on casse de la vaisselle, ce ne sera pas la nôtre !

Depuis un moment Clémentine suit avidement nos repas et la préparation des biberons d’Aloha, avec de plus en plus d’impatience. Il est parfois même un peu dangereux de s’interposer entre Clémentine et la nourriture. On essaie de gagner quelques semaines encore jusqu’à ses 6 mois, alors on l’autorise à boire de notre tisane qu’elle happe comme un nectar ! Et puis à deux semaines des 6 mois, le barrage se lézarde et vole en éclat : Clémentine est arrimée au siège bébé, les yeux ronds fixés sur le petit pot d’épinard que Samaman vient de poser sur son plateau. Le délice est tel que l’on a droit à une crise de larmes un fois le petit pot avalé ! Côté Lapin, on alterne les périodes d’angoisse à l’idée que ses parents puissent moins l’aimer avec des périodes plus calmes où elle accumule les petits progrès : grimper, faire pipi toute seule sur la pelouse, faire des puzzles, parfois essayer de faire ces trois choses en même temps ! La solution est simple pour calmer Aloha, il faut la tartiner d’une couche bien épaisse d’Amour dessus sans crainte pour son cholestérol comme du Nutella sur du pain déjà beurré.

Mardi 23 septembre : La Poule à Pétro qui était en train de couver réapparaît avec 11 poussins ! Hélas, une vilaine chienne squelettique, les mamelles pendantes et sur le point de mettre bas fait des descentes successives qui font tomber les effectifs de 11 à 2 en 48 heures… P.J est remonté à bloc, et machette à la main, il accoure en tous sens dès qu’un « cot cot » se fait trop aigu… La protection rapprochée et la sélection naturelle font que les 2 survivants s’en sortiront. Par contre, au fur et à mesure de leur croissance, on s’aperçoit qu’il s’agit de 2 poulets… Alors qu’ils ont encore du duvet et 3 plumes au croupion, ils simulent déjà des combats entre eux ! Ah les mecs, tous les mêmes ! Par ailleurs, la perspective d’avoir 3 coq à nous réveiller nous stresse un peu.

Mardi 30 septembre : P.J s’envole pour Nouméa pour une réunion qui l’informera des conditions requises pour devenir personnel de direction. La journée est également rentabilisée par de multiples courses (notamment une chaise bébé pour Clémentine). Il passe la nuit sur Nouméa chez Angie et Christophe. Le soir, il appelle à la maison, et Aloha a sa première discussion au téléphone. Le charabia est assez incompréhensible, mais le ton y est !

Mercredi 1 octobre : P.J nous revient avec du beurre, du fromage, des yaourts et des saucisses plein la glacière ! Le reste nous viendra par bateau la semaine suivante.

Visite mensuelle au Dispensaire pour Clémentine = 8,040 kg. Tout va bien… Sans voiture, A.V et les filles forment un attelage étonnant : Clémentine en porte-bébé ventral et Aloha dans le siège bébé sur le porte bagage du vélo ! A.V pédale pour trois…

Vendredi 3 octobre : Au marché de Tadine, l’annexe de Lycée Professionnel du Collège de P.J anime le marché sur Tadine. Vente de grillades, d’objets confectionnés par les élèves (superbes barbecues, râpe à coco notamment) qui font se frotter les mains à Monsieur l’Agent comptable qui a une âme de fourmi mais cela ne l’empêche pas de chanter comme une cigale : il interprète Koé qui met les larmes aux yeux des mélanésiennes du marché !

Soirée bretonne chez les bretons Yann et Morgane Salün : crêpes et cidre font notre régal autant que les bêtises proférées.

Samedi 4 octobre : Anniversaire de Maé, petite fille de nos amis Karine et Christophe qui habitent la tribu de Roh (pointe nord de Maré). Laissant vagabonder la meute d’enfants, les parents s’attablent devant des assiettes de grillades et des verres de cahors bien charpenté. L’ambiance chauffe vite et on refait le monde. A l’image des fausses colères de Jean Yann, tout est bon à pourfendre violemment, à s’indigner bêtement, à pérorer en chauffeur de taxi… Et là se produit ce que seule l’ignorance peut produire : une gaffe énorme ! Christophe de partir en croisade contre les dermatologues, et de conclure son propos en se demandant bien qu’est-ce qu’il y aurait bien de pire qu’un dermatologue… le regard fixé sur P.J. Ce dernier n’étant pas en reste, embraye : « Les dermatologues sont effectivement des êtres abjects qui se nourrissent de squames, mais cela n’est rien en comparaison avec la lie des hommes en blouses blanches que constituent… les podologues ! ». Stupeur puis éclat de rire général. Assez content de son effet, P.J continue sa diatribe gratuite en évoquant : « …le funeste sort de ces pauvres podologues qui se prennent des pieds dans la figure à longueur de journée comme d’aucuns se prennent des mains dans la figure, ces artistes de la rognure d’ongle ne sont même pas médecin, on devient podologue quand on a tout raté et surtout médecine ! ». A la limite de l’asphyxie et à grands gestes, la tablée fait signe à P.J de se calmer… P.J comprend alors à demi-mot que son voisin de droite est un podologue, sa femme aussi, et que mon pote Bernard est leur fils… « Non Bernard ! Ne me dit pas qu’un grand garçon comme toi puisse être issu d’un podologue… » Mais le petit regard circulaire de P.J lui confirme que la gaffe est lachée, elle est balaise et bien décidée à rebondir partout. P.J sort alors ses avirons et commence à ramer sur un océan de honte survolé par des mouettes rieuses. P.J demande au Père de Bernard de bien vouloir l’excuser. Mais loin de lui jeter la pierre, le cahors aidant, celui-ci apporte de l’eau à son moulin en confirmant que les podologues en général on raté médecine ! P.J est d’autant plus mal à l’aise qu’il souhaiter se démarquer de ses propos alors que son avis arbitraire est soutenu par sa victime… Bien vite, P.J essaie de montrer tout son intérêt pour les actes des podologues. Mais le podologue détaille alors le traitement d’une verrue plantaire, pendant qu’inévitablement les mouettes ponctuent l’exposé de plaisanteries incessantes… Bref, la gaffe est énorme, mais la soirée a été mémorable, et notamment grâce au sens de l’humour de notre brave podologue.

Mardi 7 octobre : En roulant vers Tadine, A.V s’aperçoit que la voiture recommence à chauffer… C’est un coup dur car depuis fin avril, nous subissons toujours cette même panne. Après s’être battu de longues heures avec son assurance P.J avait arraché un dépannage sur Lifou. Le garagiste nous avait paru honnête et expérimenté, alors on pensait la page définitivement tournée. Difficile de poser un diagnostic par téléphone : le garagiste demande à P.J de tâter telle ou telle durite afin de sentir si elle est chaude ou non, etc. Des durites, il en a bien tâté, mais des comme celles-là, non Madame ! L’ombre de la culasse refait surface… celle-là même que l’on croyait écartée revient par l’entrée des artistes. Une seule chose est sûre, on est reparti pour une longue galère… Le garagiste de Lifou, désireux de se racheter nous propose de venir sur Maré un week-end démonter la culasse. Hélas, il est indisponible le premier week-end, les deux suivants il est malade, ensuite il y aura nos vacances sur Ouvéa, puis après les grèves… Nous doutons avoir notre voiture avant notre départ en métropole en décembre. Nous retournons à nos vélos et emprunts ponctuels de voitures.

Samedi 11 octobre : Aloha se rend à l’anniversaire d’Aïna, la petite fille de nos amis Tony et Nathalie. Déjà une vingtaine de gamins courent en tous sens, piscine à eau, piscine à balles, champomy, bonbons et gâteaux en cascades. Il y a une certaine émulation sur les anniversaires depuis l’anniversaire des Zigkraft très remarqué avec ses jeux de pistes, depuis également l’anniversaire d’Aloha très apprécié pour ses crêpes et sa fusée à eau. L’anniversaire d’Aïna marque la volonté de faire mieux. En bouquet final, Tony pourchasse ou se fait pourchasser par la vingtaine d’enfants déchaînés, un fusil à eau dans la main. Il finira sa course en dérapant dans la piscine, tout habillé, échappant ainsi à l’essaim de gamins.

Le soir, nous enchaînons chez Julien et Héloïse pour une soirée philosophie chinoise, avec le Yi-King, le plus ancien livre chinois. Tout moment est passage. L’apogée contient en germe le déclin. La défaite comporte en germe la victoire future. Un système de jet de pièces métalliques peut apporter des éclairages plus personnels. Pour A.V comme pour P.J, avec des lancers différents, il est très surprenant de voir que le message est identique et pertinent : nécessité de laisser derrière un lourd fardeau qui nous rattache à un passé difficile, à l’oublier complètement et à pardonner pour pouvoir aller de l’avant. A méditer…

Dimanche 12 octobre : journée sportive entre amis : vélos sur 15 Km, pique-nique et essaie de planche à voile pour P.J à Cengeité.

Lundi 13 octobre : Aloha a une forte fièvre (39°C). Elle a maigri depuis juin dernier. Antibiotiques et vermifuge feront leur ouvrage.

Vendredi 17 octobre : Pour la première fois, nous retrouvons Clémentine assise dans son lit. En 3 jours, par la suite elle maîtrisera parfaitement la mise en position assise. Samaman s’est résolu à lui apprendre à dormir seule, ce qui nous gratifie de quelques moments de colère jupitérienne. La petite a toujours autant de coffre !

Samedi 18 octobre : P.J plonge à Nalé avec les amis du club de plongée. C’est encore plus beau qu’à Lifou ! Sous un soleil qui fait ressortir toutes les couleurs, la mer nous offre ses gorgones et coraux magnifiques, et des poissons à foison.

Dans l’après-midi, après de nombreux débats avec Yvon, nous décidons de prendre les choses en mains : il faut tuer les 5 chiots de 10 jours qu’une chienne famélique a déposés hier sous notre fenêtre de chambre. Il faut agir d’autant plus promptement que lorsque nous mangeons tous les midis sur la terrasse, nous avons de plus en plus de mal à couvrir les petits cris des chiots, soit par un bruit de bouteille ou des toussotements aussi subits que ridicules pour ne pas qu’Aloha les entende. A.V est la conseillère technique, mais par déontologie ne peut agir pour tuer les chiots. Yvon déclare avoir vu plusieurs fois se jouer ce drame dans sa Bretagne profonde dans une bassine d’eau avec un couvercle pour couvrir le bruit. Mais lorque P.J lui demande s’il peut alors agir, on sent moins de répondant. P.J est plus partisan de l’asphyxie lente dans un sac, qui permet de s’endormir gentiment. Railleries d’A.V et d’Yvon sur les débattements des bêtes asphyxiantes… Je réponds que ce n’est rien par rapport à une noyade. A.V finit par nous avouer détenir de l’éther dans sa pharmacie. Ainsi, au cœur d’un après-midi ensoleillé, P.J a enfourné les chiots dans un sac poubelle. A.V a versé une rasade d’éther. Et le tout à été hermétiquement fermé et déposé au soleil. Les chiots se sont à peine débattus, et en 15 secondes tout le monde dormait. Quelle douce mort… pour un peu on se souhaiterait la même !

Dimanche 19 octobre : Tarot avec les Cantaloube et Yvon. Clémentine et Pierre (leur petit garçon du même âge) s’échangent sourires et jouets… les commentaires vont bon train sur la dote future… Yvon gagne encore. Par bonheur, personne ne trouve d’os dans sa part de tarte à la myrtille, car ici même, la veille, des chiots ont disparu… Avec ces histoires d’oiseaux qui se cachent pour mourir, on ne sait jamais où ça nous mène ma petite dame… et d’ici qu’les cabots rappliquent dans la tarte aux myrtilles, il faudra sacrément s’taper dans l’dos pour faire passer l’os ou cracher l’morceau !

Lundi 20 octobre : Aloha inaugure une nouvelle formule qui va connaître un succès grandissant : « c’est quoi, ça ? ». Cette question nous réjouit car nous pouvons lui répondre sur tout ce qui l’interpelle, et cela contribue aussi à enrichir son vocabulaire.

Pour Clémentine, nous inaugurons la première dent, et le premier babillage (« Adla bla bla » dans le texte).

C’est le jour des poubelles… Nous espérons ardemment qu’elles passeront (souvent aléatoire), et que les chiens ne vont pas déchirer les sacs avant leur passage comme cela arrive souvent… car les chiots morts sont dans notre poubelle…

Samedi 25 octobre : Cela faisait 16 mois qu’A.V n’avait pas plongé, alors elle est un peu stressée mais le spectacle a tellement enchanté P.J la dernière fois qu’elle s’est décidée à aller voir de plus près… Pendant la plongée, A.V s’émerveille, tandis que P.J garde Aloha et Clémentine dans le bateau plat à fond de verre. Aloha admire Samaman quand on la voit passer sous le bateau, tandis que P.J se retient de vomir uniquement parce qu’il a Clémentine contre lui… A.V remonte sur le bateau fraîche et radieuse, tandis que le roulis chamboule Aloha qui vomit par-dessus bord. P.J serre les dents et le reste en priant pour que les cons qui veulent absolument refaire les coraux avant de rentrer se prennent une mouette dans la tronche.

Dimanche 26 octobre : Clémentine se lance dans son premier 4 pattes. Energique et volontaire, elle va directement droit vers son but en un minimum de temps.

Lundi 27 octobre : Les travaux prévus de longue date au Collège par P.J (certains depuis avril dernier !) débutent. Il faut trouver des solutions matérielles à longueur de temps, revoir ses schémas financiers, et continuer à faire le reste comme d’habitude. P.J comprend mieux pourquoi rien n’a bougé depuis tant d’années : ce serait tellement plus confortable de laisser les choses telles quelles ! D’ailleurs, A.V préfèrerait presque car elle trouve qu’elle ne voit pas beaucoup son mari…

Jeudi 30 octobre : Visite du Vice-Recteur au Collège avec tout ce que cela implique comme organisation. P.J perd 2Kg pendant la semaine ! Mais au final, c’est un succès, alors la peine est oubliée.

Samedi 1er novembre : Une enfant réduite à manger du sable inquiète les services sociaux… Non contente de la sensation de la texture dans sa main, Clémentine de la position assise se jette face contre sable, directement à la source, fini les distributeurs intermédiaires qui s’en mettent plein les mains ! Car, c’est au final une manière d’aller directement du producteur au consommateur.


Mercredi 5 novembre : Ce sont les vacances depuis 2 jours, mais A.V ne s’en était pas forcément rendu compte, car P.J est toujours fourré au Collège ! Seul point positif : P.J a aussi fait poser des brasseurs d’air dans les logements de fonction et des projecteurs sur les côtés de la maison afin d’y voir dans la nuit épaisse.

Nous décollons pour Ouvéa, les vacances commencent alors vraiment. Un collègue à P.J nous prête sa case pendant ses vacances. Pas d’eau, 2 prises électriques et une ampoule, une pièce commune : le vrai habitat kanak. Nous nous rendons compte à quel point changer d’habitat pour eux est déjà une perte d’identité culturelle. L’ameublement est spartiate : une table, 2 chaises, un lit, 2 étagères… et une plaque électrique. Mais nous nous y sentons bien immédiatement. Pour Aloha c’est une joie également inexpliquée d’habiter dans cette case. D’elle-même, chaque soir, après nos multiples visites, quand nous rentrerons à la case elle nous répètera à chaque fois : « C’est la maison de Didi » ! Petit bémol, la porte fait 1m20, alors les aller-venues sont un peu pénibles. En effet, la porte est basse pour obliger à s’abaisser en signe d’humilité dans la coutume kanake. Toute une organisation se rode rapidement entre les douches au bloc sanitaire, les biberons, les bassines d’eau à rapatrier dans la case, et les repas. Mais cela ne pose finalement pas de difficultés. Par contre l’endormissement des filles est pénible car nous sommes tous dépendant des unes et des autres… De surcroît, Clémentine est malade, elle tousse et à des épisodes fiévreux de 38-39°C. Elle se réveille 5 à 10 fois par nuit, avec des beuglements inimaginables !

Nous visitons la plage du pont de Mouly. La vue est magnifique : à gauche un banc de sable serpente pour s’enfoncer au loin dans le lagon faisant varier les teintes bleu outre-mer à n’en plus finir ; à droite, les falaises de Lékiny encerclent un bras de mer.

Jeudi 6 octobre : A.V fait un peu d’apnée au pont de Mouly et fait connaissance avec une tortue peu farouche. Le loueur de planches à voile est en vacances, normal ce sont les vacances (!). Nous faisons nos emplettes à l’épicerie du coin « Chez Fella », tout un programme… Nous devons désigner du doigt les soupes ou les pots de cornichons au vendeur derrière un comptoir en bois massif. Ce n’est pas vraiment gênant car il faut dire ce dont on a besoin, c’est tout. L’embarras du choix n’existe pas : du dentifrice, paf un tube, de la soupe lyophilisée, paf un bouillon de poule vermicelles, des sardines, paf la boîte de sardine… Quand on pense que la modernité c’est d’être paumé dans un hyper-marché avec des kilomètres de rayons où l’on erre comme une âme en peine devant une montagne de dentifrices différents, une soupe à 10 mn (20 mn le samedi) de marche en caddie du rayon hygiène, et face aux rayons de sardines la vague impression que l’océan vous observe avec ses grands yeux, avant de vous faire accrocher par un hameçon publicitaire…

Vendredi 7 octobre : Nous partons pour la pointe nord d’Ouvéa. Arrêt à l’église Saint Joseph, puis nous continuons la piste, car une amie nous a dit qu’en continuant ainsi, on aboutit à une passe où se reproduisent les requins… 3 touristes ont eu la même info, parmi eux un nain qui semble être le meneur. Nous suivons ainsi ce Passe-partout improvisé. Contraints d’abandonner nos voitures au bout de la piste, nous marchons 800 mètres sur la plage sous le soleil accompagné du lagon d’un bleu improbable. Nous parvenons ainsi à la pointe de l’île, Unyee, où entre un chapelet d’îlots qui émergent encore ça et là circulent d’ouest en est des petits bras de mers peu profonds où l’eau est chaude. Comme les chats ont le génie de trouver les endroits les plus confortables, les requins ont ce même talent… C’est effectivement ici, dans ce décor de rêve et cette eau chaude qu’ils ont élu domicile pour se reproduire. Nous apercevons de grandes ombres glisser lentement sous l’eau tranchée d’un aileron. D’ailleurs, on s’étonne presque de ne pas entendre les violons des « dents de la mer ». Aloha s’accroupit au bord de l’eau et commence à patauger. Son père a l’œil dans son caméscope. Sa mère, n’a d’yeux que pour Clémentine évidemment. C’est le nain qui nous alerte en voyant une ombre s’avancer vers Aloha doucement mais sûrement. A.V attrape Aloha qui se demande ce qui se passe. Les parents fustigent les

concepteurs du site qui devaient normalement envoyer la grosse musique angoissante pendant la séquence, afin de les prévenir de l’imminence du danger… Mais à croire que ce n’est finalement pas si dangereux : un maudit français empreint de culot et d’insolence a sorti sa canne à pêche. Il s’enfonce dans la passe de l’eau jusqu’à la taille… pour pêcher à la mouche ! C’est tellement irréel qu’on en oublie presque qu’il nous gâche le paysage ! Du coup, cela excite notre nain et nos touristes qui veulent aussi braver les eaux et sa faune… P.J les prévient : « j’ai une voiture de location, il est hors de question que je salisse les sièges avec quelqu’un qui a une jambe ou un bras en moins ! » Après quelques déclarations tonitruantes, et mise en maillot de bain tout à fait ridicule, les zozos ont tôt faits de rabattre pavillon après s’être mouillé les pieds. P.J ferme son caméscope, presque déçu…

Nos zozos nous abandonnent, tandis que nous décidons de pique-niquer sur place. Nous quittons à regret cet endroit absolument magnifique. Les petites s’endorment dans nos bras, et nos pieds s’enfoncent lourdement dans le sable brûlant.

Nous faisons route vers « le trou aux tortues ». Après quelques tours et détours, nous parvenons au lieu dit. Du haut d’un cirque en corail d’une vingtaine de mètres de diamètre, des enfants sautent du haut des rochers pour plonger dans ce trou d’eau fraîche. Il est difficile de se lâcher pour plonger de 5 mètres dans une eau inconnue que l’on présume froide. Mais la récompense est immense : l’eau est délicieusement fraîche, le décor est splendide, et effectivement des tortues émergent de temps à autre pour reprendre de l’air. On se relaye pour garder les filles qui ne peuvent malheureusement pas accéder à l’eau, mais elles sont tellement absorbées par le spectacle qu’elles ne songent même pas à protester.

Forts de ce moment magique, et revigorés par la fraîcheur de l’eau, nous nous mettons à la recherche d’un autre trou d’eau situé sur le chemin du retour baptisé « le trou bleu d’Anawa ». Nous traversons un village vacances fantôme (que s’est-il passé ?) fait de magnifiques cases aux bases maçonnées de belles pierres mais envahies d’herbes. Le trou d’eau se situe derrière, mais il est assez inaccessible, plus petit, et personne à plonger dedans avant nous… Alors on ne reste pas. Nous faisons quelques courses « chez Raymond ». La caissière revient avec Aloha dans les bras et un sandwich au pâté… A notre grande honte, Aloha, affamée commençait à attaquer une baguette de pain dans le rayon pendant que ses parents s’affairaient au ravitaillement. Prenant l’enfant en pitié, la caissière a alors ouvert une boîte de pâté pour la tartiner sur le pain d’Aloha… Nous récupérons l’enfant et son sandwich à la caisse.

Samedi 8 novembre : On nous avait dit que nous pouvions aller aux falaises de Lékiny, comme certainement le fakir Pierre Dac pouvait donner la date de naissance de son interlocuteur… On peut le dire, mais on ne le fait pas… Nous traversons à guet un bras de mer aux eaux très chaudes dans lequel, il n’y a pas de raison, les requins doivent se sentir aussi bien qu’à la passe d’Unyee… Arrivés au pied de la falaise, on nous avait indiqué un bout de bois pour accéder au creux de la falaise… Grimpe acrobatique avec les deux filles, mais dans le calme et l’entraide, nous parvenons à nous hisser 3 mètres plus haut grâce à ce demi tronc d’arbre trop court et glissant… Nous marchons prudemment dans cette falaise et nous découvrons un paysage splendide et une grotte à la pointe. Un mélanésien est là avec des amis, il nous conseille de revenir avec lui car la marée va monter. Nous traversons une grande étendue d’eau les filles, nos appareils photo et vidéo sur la tête ! Un petit requin vient nous saluer en fin de parcours, confirmant que ces eaux sont elles-aussi mises à profit pour leur espèce… Personne ne lui a demandé où était sa maman !

Nous finissons la journée sur la plage de Mouly, moulus. Mollement, on se tente le coucher de soleil à la pointe ouest de l’île, mais bien que bas dans le ciel, les filles ont trop chaud et sont aveuglées. Une douche, une soupe et au lit !

Dimanche 9 novembre : Accompagnée d’une jeune fille de la tribu, nous marchons pendant 30 mn dans la forêt avant d’arriver à une grotte. Il faut s’enfoncer dans ses amygdales en profondeur pour arriver à 20 mètres sous terre à un trou d’eau. Il est difficile d’y rentrer, mais l’eau est tellement limpide qu’elle est à elle seule la plus belle des invitations. Là aussi, un saut périlleux est possible puisque la jeune fille de 10 ans y arrive. C’est donc d’une stalagmite millénaire que l’on s’élance pour plonger 3 mètres plus bas dans l’eau glacée. La seule contrainte, c’est qu’il faut bien sauter, sinon on s’écrase contre la roche ! Par contre, on est content quand on l’a fait ! Pour cause de timing nous devions effectuer cette promenade le matin, mais il faudrait en fait la faire aux alentours de 15h00. A cette heure précise, un rayon de soleil rentre dans la grotte et finit sa course dans l’eau au fond de celle-ci.


Mais nous, lamentables français, nous n’avions pas le temps d’attendre 15h00 car nous avons réservé une table à l’hôtel de luxe de l’île : Le Paradis, et c’est vrai que l’on s’en rapproche furieusement ! Repas bon et copieux, notre crabe de palétuvier nous prend une heure. Alors, après, il faut de la ressource pour se jeter sur son entrecôte aux poivres, mais ça se fait quand même ! Nous nous traînons péniblement jusqu’à la piscine pour s’affaler sur une chaise longue. Luxe, calme et satiété… En fin d’après midi, nous basculons côté plage où nous amassons des coquillages et disons au-revoir au soleil qui plonge dans la mer.

Lundi 10 novembre : Nous partons à la découverte de la pointe d’Ognat, versant nord-est rocheux d’Ouvéa. La grotte du Gossanah n’est pas loin, mais nous ne cherchons pas forcément à revenir sur les lieux de la prise d’otages. De ce côté, la mer est houleuse, il n’y a pas de lagon mais le tombant et son bleu profond.

Au retour, nous voyons la caserne de la gendarmerie d’Ouvéa, bâtiment qui est d’une discrétion absolue… sans signalétique.

Arrêt chez un sculpteur : Aloha connaît son premier frisson artistique.

Mardi 11 novembre : Retour sur Maré. Retour de courte durée pour A.V et les filles qui repartent pour Nouméa demain afin de tirer les choses au clair sur les végétations ou amygdales d’Aloha. La santé de Clémentine ne s’arrange pas, la bronchite grossit, elle dort mal et maigrit (500gr).

Mercredi 12 novembre : A.V entame son périple à Nouméa par la radio des végétations d’Aloha… Il y a de la végétation mais pas assez pour justifier un débroussaillage. Elle continue toutes ses courses avec les 2 petites dans les bras avec 30°C à l’ombre, c’est éreintant ! Le soir, elle se pose chez Christophe et Angie, et fait ainsi connaissance de Prischika, leur petite fille de 2 mois et ½.

P.J se retrouve célibataire, et un peu inquiet car une grève larvée à Air Calédonie rend aléatoire le retour d’A.V pour le week-end… Il pensait en profiter pour renouer avec son ordinateur ou faire des avances à sa console, ou encore nettoyer la maison et même se faire un gâteau ! Finalement, il travaillera à son bureau de 7h30 à 19h00 !

Jeudi 13 novembre : Aloha a rendez-vous chez l’ORL. Pas d’intervention prévue, alors on en profite pour retirer un bouchon de « cire humaine ». Clémentine est emmenée chez le Kinésithérapeute pour cracher ses poumons. Le clapping est très efficace : elle émet, à la suite des pressions sur ses poumons, des régurgitations de mucus jaunâtre sur les pieds et la robe d’A.V !

Vendredi 14 novembre : Après le dermatologue (on échappe Dieu merci au Podologue !), le laboratoire, Carrefour, Géant, Conforama, le fret, et le photographe, A.V réussit à attraper son avion, le seul à décoller de cette fin de semaine ! A la maison, tout le monde est épuisé, les enfants comme les parents.

Samedi 15 novembre : Notre agence de location de voiture appelle pour nous signaler que la voiture a été retrouvée rayée et enfoncée. Il y en a pour 73 000 CFP (= 600 €), alors qu’A.V a déposé la voiture intacte ! P.J entame la lutte à coup de recommandé et d’avocat, et puis… c’est tellement fatiguant au bout d’un moment de se battre pour tout qu’au final nous nous laissons faire faute de temps et d’envie d’aller en justice.

Samedi 22 novembre : Grande soirée chez les Noël ! Ca faisait longtemps que nous devions inviter certains amis, nous nous retrouvons une douzaine pour une soirée barbecue et Loup-garou. Pendant toute la semaine, P.J est allé couper du bois dans les taillis derrière la maison. Mais il est tombé amoureux de ses bûches ! En effet, le bois qu’il ramène, à grand peine d’ailleurs dans la jungle humide avec les fourmis électriques, est un bois très tassé et foncé. Il trouve que brûler ce bois, c’est comme de jeter des livres au feu ! Il faut pourtant du bois pour le barbecue, A.V ferait bien moins de manières… Mais elle ne dit rien car ce n’est pas elle qui a sué sang et eau pour le couper, et encore moins elle qui va couper une nouvelle fournée pour préserver les bûches chéries à P.J… Celui-ci s’enfonce à nouveau dans la jungle… A.V s’active en cuisine. P.J ramène de nouvelles bûches homologuées comme combustible et non comme œuvre vivante. Il se met à pleuvoir, le feu ne veut pas prendre. Au bout de 2h d’efforts, P.J réussit à faire prendre son feu ! Ah ! La vie tribale, tu vois mon gars, c’est peau de balle.

La soirée est un grand succès, la nourriture est plus qu’abondante, et le bois… largement suffisant. Heureusement, car A.V aurait été capable de jeter les belles bûches en fin de grillades pour finir la cuisson de 3 misérables saucisses ! Le beau bois est en fait du gaïac, un bois très dur utilisé par les sculpteurs locaux. P.J a promis de sculpter une saucisse dans son gaïac afin qu’A.V se souvienne du vase de Soisson !

Dimanche 23 novembre : Clémentine arrive à faire coucou de la main, et répond maintenant systématiquement à nos coucous. C’est la nouvelle boîte à coucous !

Mercredi 26 novembre : Aloha s’est enfin décidée à appuyer ses les pédales de son tricycle, et découvre émerveillée qu’elle peut avancer…

Clémentine aussi part à la conquête du monde : elle pointe du doigt pour montrer ce qui l’intéresse et elle parvient désormais à se tenir debout toute seule, d’abord dans son lit, puis deux jours plus tard en s’appuyant sur la table basse, le bureau d’Aloha et enfin contre tout ce qui se trouve à sa hauteur.

Dimanche 30 novembre : Nous pique-niquons sur la plage de Patho. Quelques centaines de mètres vers l’intérieur des terres, après avoir escaladé un plateau rocheux, nous découvrons un trou d’eau magnifique dans un cirque rocheux, aux lianes tombant en cascades, et aux jeunes palétuviers les pieds dans l’eau.

Mardi 2 décembre : Nous avons sorti la piscine gonflable. Elle est assez grande pour que nous rentrions tous les quatre dedans. L’eau, chauffée par le soleil depuis 2 jours, est chaude à souhait. Hélas, au bout de 10 mn, Aloha s’ébat vivement dans la piscine, boit la tasse tousse, tousse, tousse encore, puis vomit son repas dans l’eau… En quelques instants, 1000 litres d’eau chauffée patiemment au soleil sont ruinés… Si P.J avait été là, il aurait fait trempette dans l’eau souillée pour ne pas gâcher la sauce, tout de même !

Mercredi 3 décembre : Ce matin, A.V dépose Aloha à l’école primaire de La Roche pour une matinée de pré-rentrée. Lorsqu’A.V se décide à la laisser, les pleurs se font jour, mais quand A.V l’espionne furtivement 5 mn plus tard, elle vaque à ses occupations. Quand A.V repasse la chercher 2h30 plus tard, elle lui demande comment ça s’est passé, et Aloha lui répond : « J’ai eu peur, Maman… ». Mais elle retourne sans hésiter rendre à la maîtresse un jouet qu’elle a trouvé dans l’herbe. La maîtresse d’ailleurs a rassuré Samaman en lui disant qu’elle a vite joué et couru avec les autres enfants. Le plus difficile, c’est qu’en tant qu’unique blondinette de l’école, elle a sans arrêt une cour d’admiratrices autour d’elle qui lui touche les mains et les cheveux. Dans la même journée, Aloha ne refuse pas l’idée de devenir grande, alors que la réponse était clairement « non » auparavant. Inespéré, elle accepte même d’aller sur les toilettes !

Jeudi 4 décembre : La piscine a été vidée, récurée, remplie et réchauffée à nouveau par le soleil. Alors quand P.J rentre en fin d’après-midi, nous y passons tous les quatre une petite heure.

Vendredi 5 décembre : C’est la fête du Collège. P.J chante, puis succombe au charme du bougna préparé par les parents d’élèves. Y a-t-il un lien de causalité, mais l’équipe de foot des profs dans laquelle il s’est inscrit finit dernière du tournoi ?…

P.J récupère le garagiste de Lifou à l’avion. C’est enfin le week-end de la petite voiture. Mais nous n’avons aucune illusion…

Samedi 6 décembre : Un miracle n’arrive jamais seul : le garagiste est là, et en plus notre voiture fonctionne ! Ce n’était pas le joint de culasse, mais le thermostat qui ne se dilatait pas assez pour laisser entrer l’eau dans le radiateur. Heureusement, pour rentabiliser le voyage, P.J avait élaboré un planning de réparation de 6 voitures. Il travaillera sans discontinuer jusqu’au dimanche à 15h00, ne réparant pas moins de 13 voitures !

Dimanche 7 décembre : Nous répondons avec Yvon à l’invitation du Pasteur de Kaewatine qui organise un repas dans sa tribu. Heureusement que nous nous sommes déplacés car nous sommes les seuls à être présents. Nous nous régalons de tous les plats préparés. Après manger, une ribambelle de huit enfants nous emmène à la plage qui est à 45 mn de marche. La plage est très belle, l’eau est chaude, et les enfants et P.J s’amusent comme des fous.

Lundi 8 décembre : A.V refile sa trachéo-bronchite aux filles. Vite passée chez Aloha, mais devenant envahissante chez Clémentine. Elle qui commençait à faire ses nuits, nous avions commencé à la mettre dans la même chambre qu’Aloha… Les nuits sont donc à nouveau entrecoupées à cause de Clémentine, et trop courtes le matin car Aloha se réveille à 5h30 du matin, fatiguée…

Jeudi 11 décembre : Confirmation du déclic de la semaine écoulée : Aloha réclame pour aller aux toilettes.

Samedi 13 décembre : Pique-nique à Cengeité. L’eau est à 27°C. Aloha et P.J restent des heures dans l’eau, et grâce à l’effet piscine, Aloha se sent désormais suffisamment à l’aise pour être autonome dans ses brassards et sa frite, se propulsant au gré de ses envies. Contrairement à la piscine, elle n’a pas vomit quand elle a bu la tasse… Heureusement, car le service de nettoyage n’est pas assuré par Samaman, mais par les requins ! Nous avons emmené Toffee, maintenant que nous avons une voiture. Lui aussi s’est décidé à nager tout seul sans attendre en soupirant que quelqu’un veuille bien lui jeter des cailloux dans l’eau pendant des heures ! Il finira la journée un peu mal en point avec les entrailles rincées par l’eau de mer, et les pattes grinçantes…

C’est décidé, Clémentine se voit affublée d’un nouveau surnom : le « ch’tiot Panda ». Il n’y a qu’à voir les photos, cela se passe de commentaires.

Dimanche 14 décembre : P.J prend son courage à deux mains et Toffee à quatre pattes pour le laver en vue de son prochain départ pour Nouméa. En effet, pendant notre séjour en métropole, Toffee coulera des jours paisibles en pension au « Bonheur est dans le pré », vaste programme…

Lundi 15 décembre : Tandis qu’A.V s’active aux bagages et à ses listes, P.J cravache pour boucler sa comptabilité au Collège alors que pas mal de monde marche au ralenti depuis quelques temps déjà, et boucler le livret de baptême.

A 15h00, nous filons à l’aérodrome pour y déposer Toffee. Coup de théâtre, depuis quelques mois, les valises ou colis de plus de 23 Kilos sont interdits ! Or Toffee arbore fièrement ses 42 kilos, sans compter la cage qui en fait 20… P.J essaye de faire comprendre qu’il est facile de transvaser des affaires d’une valise à l’autre (encore que…), mais qu’en l’occurrence il ne peut couper Toffee en quatre. Du guichetier au responsable, il flotte un certain plaisir malsain à nous faire gamberger. P.J garde son calme, car l’ironie ou la colère serait désastreux, et arrache un « peut-être mercredi » sur dérogation du formulaire 4362. Alors que 20 mn auparavant, cette même dérogation n’existait pas.

Mardi 16 décembre : Une des dames d’entretien du Collège accepte de venir nourrir Toffee. Il sera sous bonne garde et cela simplifie grandement nos affaires.

Mercredi 17 décembre : Agitation des bagages, des livrets de baptêmes, du journal de Maré, du travail au Collège.

Aloha avertit Samaman : « Cha patouille ! Cha patouille ! ». A.V découvre Clémentine au milieu d’une grosse régurgitation d’épinard agitant ses bras et ses pieds avec délice… A.V s’approche vivement, mais Clémentine voyant sa mère arriver se dépêche vite de profiter des derniers instants de patouille en accélérant le mouvement et en se penchant en geste de protection de son trésor !

Jeudi 18 décembre : Après une nuit presque blanche, nous quittons Maré pour Nouméa. Angie et Christophe nous accueillent dans leur appartement.

Vendredi 20 décembre : Nous nous envolons pour la métropole en passant par Osaka et Helsinki. P.J qui voulait profiter des 4 heures d’attente à Helsinki pour mettre le nez dehors, se rend compte que chaussé de nu-pieds, il n’ira pas bien loin. D’autant que le risque que Poutine prenne cela pour une provocation n’est pas nul ! Les géorgiens n’était pas nu-pieds peut-être ? Alors tu me feras le plaisir de mettre un pull et de rester au Duty free bien sagement plutôt que de provoquer l’invasion de la Finlande par les russes… Peut-être qu’à Osaka, la mode est plus aux nu-pieds avance alors timidement P.J…

Miracle du GMT et de Greenwich, nous partons le 20 décembre pour arriver le 20 décembre à Paris, après avoir remonté le temps pendant 24 heures, épuisant !

Nous vous souhaitons de bonnes fêtes de Noël et une bonne année 2009 !


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