samedi 30 août 2008
lundi 18 août 2008
Journal de Maré de Février à juillet 2008
Collège de La Roche 98 878 Maré
Nouvelle Calédonie.
Tél :
Mail : pjavnoel@gmail.com
Chères toutes et chers tous,
Nous sommes heureux de renouer le contact avec vous par l’intermédiaire de ce journal. Laissé en jachère depuis notre retour en Calédonie, le retour anxieux sur Maré, l’arrivée de Clémentine bouleversant la vie de la famille, le journal a eu du mal à se frayer un chemin jusqu’à vous. Maintenant, la petite famille a retrouvé toute sa sérénité. Le cœur familial bat à un nouveau rythme avec Clémentine, et goûte à de nouvelles joies avec Aloha, pétillante petite fille. Nous savourons à nouveau notre vie sur Maré.
Février 2008 : Une fois de plus, les vacances en métropole sont bien remplies, et nos assiettes aussi ! Heureusement, nous avons pu séjourner deux fois quinze jours à Gençais, un vrai bol d’air. Pour une fois, tous les travaux planifiés dans le champ sont menés à bien, et la plupart du temps sous un soleil radieux : désherbage de tous les pieds d’arbres et arbustes, débroussaillage de toutes les clôtures, et en prime un tas gigantesque de végétaux à brûler dans un grand feu de joie et d’amitié dans la nuit, avec Joël et Anne, nos voisins. Après en avoir rêvé pendant des années, Pierre-Jean a enfin planté ses arbres truffiers (6 charmes, 5 hêtres et 3 chênes). Ce fut un chantier conséquent : trous de 1x1 m., amendement calcaire par sacs de 50 Kg, tuteurage et pose de grillage autour de chaque pied pour protéger des chevreuils…
Les préparatifs de départ commencent. Nous déposons 9 colis de 10 Kg à La Poste, en priant pour que notre réexpédition fonctionne. Clémentine n’est pas encore née, mais son bagage est déjà bien lourd. Nos valises explosent la balance à Roissy… Mais comme l’hôtesse distingue Aloha et le bagage à main particulier d’Anne-Violaine (son ventre), on nous laisse tranquille ! Ghislaine qui nous a conduits compte bien ne pas se perdre et ne pas dormir dans la voiture contrairement à l’année dernière ! En effet, elle s’est équipée de deux GPS : une machine électronique, et une humaine, en l’espèce Nicole, sa belle-sœur…
Lundi 11 février : Nous décollons direction Hong-Kong pour 11h de vol. Nous arrivons épuisés à Hong-Kong car Aloha n’a pas dormi depuis vingt heures d’affilée, et ses parents non plus par conséquent… L’année précédente, à cette même escale nous avons cru, à la faveur d’une erreur de calcul dans le taux de change, être les émirs du pétrole, avant de nous en mordre les doigts dans l’avion suivant en refaisant nos calculs… Cette fois-ci, nous sommes sur nos gardes, mais ça cafouille quand même : nous nous perdons dans le métro… Anne-Violaine souhaite visiter le marché aux oiseaux. Belle idée en soi, mais quand on ne comprend rien aux dessertes, que les stations sont immenses, les couloirs interminables, que l’on n’a pas dormi depuis une vingtaine d’heures, que chacun a un enfant à porter, et qu’enfin aller à un marché aux oiseaux alors que la grippe aviaire tue ci et là… au final, on se demande ce qu’on fait là ! Nous regagnons l’aéroport 1 heure avant l’embarquement. Nous soufflons enfin… On s’accorde quelques boissons fraîches dans un bar à légumes pressés de l’aérogare. Mais lorsque nous nous mettons en chemin vers notre porte d’embarquement, nous découvrons que chaque terminal est immense, et que le nôtre est au bout du bout de l’aéroport ! C’est une course folle ! Anne-Violaine prend son ventre de femme enceinte de 7 mois et son courage à 2 mains, Pierre-Jean attrape les deux sacs et Aloha. Trop de tapis roulants sont en panne à notre goût... Au fur et à mesure de notre course affolée, nous découvrons sur les écrans que l’enregistrement pour notre vol est terminé ! Heureusement, sur les derniers cents mètres, des playmobils chinois avec des pancartes s’étaient mis à notre recherche. Une fois dans l’avion, nous sommes soulagés en bouclant nos ceintures, mais inquiets de l’effort fourni par Anne-Violaine. Le bébé doit tenir encore 12 heures ! Le reste du voyage se déroule bien, heureusement. Arrivée sur Nouméa, courses à gogo, dépôt au bateau pour les courses, à l’avion pour les humains, direction Maré.
Mercredi 14 février : Nous sommes contents de retrouver notre maison. 2 bémols : le frigo et la voiture sont en panne… Pierre-Jean emprunte un petit frigo au Collège, et fait recharger la batterie de la voiture et c’est reparti ! Pour le frigo, c’est plus compliqué… Aucun artisan sur l’île ne nous permet de diagnostiquer la panne. Après moultes hésitations, P.J se décide en désespoir de cause à faire appel à un vieux polonais confit par l’alcool, le tabac, et qui bricole à ses heures. Après plusieurs jours de travail au corps, P.J finit par aller chercher le bougre, l’arrachant à sa torpeur. P.J part ensuite au travail et A.V prend le relais pour suivre les opérations. L’animal semble intérioriser le fond du problème, rapport à sa paupière ballante. Mais à chaque fois qu’A.V fait irruption dans la cuisine pour vaquer à ses occupations, notre électricien polonais tressaute en faisant semblant de bouger son corps ou ses outils, mais ne roulant finalement que sa cigarette. Par de gros soupirs, l’outre à vin lui fait comprendre que l’affaire est mal engagée avant d’être engagée… Il essaie finalement d’ouvrir les entrailles du frigo, mais n’y parvient pas. A tout hasard, le bredin rebranche la bête qui repart toute seule ! « Ca fera 4000 fr », lance le marlou qui ne manque pas d’air, mais du liquide oui un peu… 10 jours plus tard, le frigo retombe en carafe… Un dépanneur de Nouméa au téléphone, nous ouvrons nous-mêmes le frigo et après avoir commandé la pièce, nous changerons la résistance qui a grillé. Robert peut aller se rhabiller ! Si la métropole redoute le plombier polonais, ce n’est rien à côté de l’électricien polonais !
Finalement, du point de vue de notre agression, nos jours se déroulent mieux que prévus, et nos nuits plutôt moins bien. En effet, en journée, le quotidien reprend ses droits. Anne-Violaine vit comme avant, et pour Pierre-Jean, le travail qu’il doit reprendre en main lui occupe pleinement l’esprit. Par contre, à 18 heures, la maison est fermée à clef, volets clos. Le sommeil est très léger, et le moindre bruit à l’extérieur nous angoisse.
Mars 2008 : Il fait chaud et pluvieux : 32°C dans la maison et 83 % d’humidité. C’est la faute à « la Nina », phénomène nouveau en Océanie, qui augmente la température de nos mers et fait pleuvoir plus que de coutume. Il faut remonter à 1951 pour retrouver des taux de précipitation comparables aux mois de mars/avril 2008.
Plus la date d’accouchement approche, moins Anne-Violaine a envie de partir pour Nouméa pour y passer son 9e mois de grossesse avec Aloha… : pas trop envie de se retenter une cohabitation chez quelqu’un, et pas trop envie de laisser P.J tout seul, avec le risque qu’il ne puisse assister à la naissance. D’un commun accord, après visite de la salle d’accouchement du Dispensaire de Tadine, et consultation des sages-femmes, nous décidons que l’accouchement se déroulera sur Maré. Le bébé que l’on attendait à 8 mois et demi semble jouer les prolongations. Anne-Violaine n’en finit plus de faire le ménage. Tout y passe des sols aux plafonds jusqu’aux carreaux et à la voiture !
Même quelques jours avant leur départ, nous ne savons pas si Maman va pouvoir venir nous rejoindre avec Ségolène en Calédonie, car Papa est à l’hôpital. Pourtant, il nous faut organiser leur hypothétique arrivée : avion, navette et hôtel.
Yvon, le Principal du Collège, notre voisin et ami, traverse une période sombre… aussi sombre que le pelage de la bête qui hante sa maison… Un rat a apparemment élu domicile dans sa salle de bain. Un jour, il a même retrouvé l’indélicat lové dans ses serviettes de toilettes. Du coup, il frappe à la porte avant d’entrer dans sa salle de bain pour ne pas subir à nouveau ce spectacle ! Pierre-Jean le prévient : « Si tu n’agis pas promptement, tu retrouveras un soir le rat dans ton peignoir, une clope au bec, et un whisky à la main t’envoyer un « c’est à c’t heure-ci qu’tu rentres ? ». Les anticoagulants semblent n’avoir aucun effet au bout d’une semaine… ou alors ils sont plusieurs ! Yvon frémit. Alors, on cherche en urgence un félin pour tenir le domaine… Un jour, en effectuant sa visite quotidienne chez Honorine, notre petite échoppe de proximité, Anne-Violaine découvre qu’Apolline, la fille de la fière tenancière, joue à jeter un chaton en l’air entre les étals. Aloha tombe en pamoison devant le chaton, une petite maigrichonne rouquine de 1 mois. Au moment de repartir, crise de larmes : Aloha ne veut plus quitter le chat. Fort gentiment, Honorine la tenancière fait don du chaton. Anne-Violaine accepte mais avec une idée derrière la tête : refiler la vilaine rouquine à Yvon ! Pour le bonheur d’Aloha, Yvon est sur Nouméa, nous gardons ainsi la petite chatte le soir… Aloha la traite comme son propre enfant, et la promène dans la maison dans sa poussette. Le lendemain, nous avertissons Yvon qu’Honorine lui a laissé un paquet avec un nœud rose autour… Yvon est dubitatif voire un peu inquiet si Honorine lui a bel et bien témoigné une attention particulière qu’il jugerait bien embarrassante… Il ouvre enfin le paquet, et est submergé par l’émotion en découvrant le chaton… Bien vite, il nous remercie et regagne sa maison, emportant le précieux colis sous le bras. Aloha est en larmes malgré toutes nos explications. Mais en échange désormais, elle va chez Yvon tous les jours pour rendre visite au chat, qui, de toute façon vient squatter assez souvent notre maison et notre jardin. Moralité : quand apparaît le rat, bin… le chat pelé n’est pas loin de rappliquer sur les chats peau-de-roue.
20 mars 2008 : Ca y est ! les contractions se font pressantes sur les coups de 3h00 du matin. Il était temps : il n’y avait plus rien à laver dans la maison ! Nous décidons de partir pour le dispensaire de Tadine. On appelle Maguy, une amie mélanésienne d’une tribu voisine (Taiwanece), mais sa voiture est en panne ! P.J va donc nuitamment frapper à la porte d’Yvon. Il est rapidement informé sur les horaires du lever d’Aloha et sur son biberon, puis nous téléphonons à la sage-femme et filons au Dispensaire distant de 20 Km. Emilie, la sage-femme, a tout préparé. L’examen indique un col ouvert de 5 cm : il n’y a plus qu’à attendre, il est 4 h 10. Après un monitoring, une petite marche et quelques mouvements d’assouplissement, Clémentine vient au monde à 5 h 40. Nous sommes émerveillés. Elle est née toute rose et grassouillette. En effet, elle fait 3,5 Kg pour 50 cm. Nous nous attendions à un petit bébé comme Aloha, alors nous sommes surpris. Après quelques mesures et une petite toilette, Clémentine se dirige vers le sein de Samaman sans hésitation. L’appétit va ! Vers 7h00, P.J retourne à La Roche où il retrouve Yvon et Aloha dans le canapé regardant Dim Dam Doum ( DVD de marionnettes pour 0 à 3 ans). P.J explique ce qui s’est passé à la maternité à Aloha. Il lui demande si elle est contente d’avoir une petite sœur, elle lui répond « oui ! », pour la première fois depuis qu’on la travaille au corps avec ça ! Auparavant, toute question de ce genre était sanctionnée d’un « non » sans animosité mais très clair... Je libère Yvon qui est surpris que l’accouchement se soit déroulé aussi vite… nous l’avion pourtant prévenu !
P.J lance une machine, habille Aloha, la pose devant la TV, donne quelques coups de téléphone et rassemble quelques affaires à la hâte. Tout à coup un vacarme assourdissant se fait entendre dans la maison. P.J sursaute, son cœur bat à en sortir de sa poitrine. Il s’élance vers le salon, son cerveau lui commandant d’aller défendre Aloha. Il s’aperçoit qu’il s’agit de la machine à laver qui s’est mise à claquer contre le sèche-linge. Le cerveau fumant, le cœur affolé, et les membres tremblants, P.J se pose alors avec Aloha devant Dim Dam Doum et ses effets apaisants pendant une petite demi-heure. L’heure n’est pas à la complète sérénité.
A 10h00, c’est la première visite d’Aloha à sa petite sœur ! Aloha paraît un peu chamboulée de retrouver sa maman au Dispensaire, avec un tuyau à un bras et un bébé dans l’autre. Après examen de sa couche, de ses jambes, elle lui donne un baiser. Puis, c’est au tour de Nono et Aladin, ses doudous, qu’elle attrape un à un pour leur faire faire des bisous au bébé. Nous sommes attendris par tout ce spectacle. Mais P.J doit rentrer pour nettoyer la maison et préparer la venue de Monique et Ségolène le lendemain. Pour lui, c’est intendance à 100 % du Collège à la maison !
Vendredi 21 mars : L’avion se pose à Maré avec 2 heures de retard pour cause de grève avec Monique et Ségolène à son bord (Maman et cousine de P.J). Aloha les accueille avec un beau bouquet de fleurs qu'Adèle Hnau Dunhara (agent d'entretien du collège) lui a gentiement confectionné. Fatiguées mais heureuses, le voyage s’est bien déroulé pour elles, sachant que la foulure au pied de Ségolène leur a réservé un traitement de faveur sur tout le trajet, leur donnant presque envie de feindre le même handicap pour le retour ! Les bagages vite déchargés à la maison, le programme touristique s’enclenche dès les premiers instants : Nous filons à Tadine pour visiter le marché de fruits et légumes en opulence. Nous poursuivons en rendant une visite à Clémentine et Samaman à la maternité. A.V dort très peu : Clémentine a des soucis de transit et réclame vigoureusement à manger alors que le lait tarde à venir. P.J est impressionné par la force de son cri, et Monique de lui rappeler avec empressement que lui même avait été surnommé « Pierre-Jean Braillard » à la maternité…
Dimanche 24 mars : Après avoir perdu 400g, Clémentine commence sa reprise de poids. A.V a la permission de sortir… Même si l’accouchement s’est bien déroulé et malgré les soins très attentionnés, le temps a paru long à Anne-Violaine. D’ailleurs, dès l’après-midi même de l’accouchement, A.V était debout à tourner en rond ! Nous rejoignons l’église de La Roche pour fêter Pâques. A la fin de la messe, P.J présente Monique et Ségolène au Grand Chef. Monsieur Sinewami est quelqu’un de très sympathique et très accessible. Après des embrassades ponctuées de quintes de toux très grasse, le Grand Chef nous explique qu’il est malade à en cracher ses poumons ! Insensiblement, chacun de nous s’écarte du foyer infectieux en basculant sur ses talons et se met en apnée… P.J lui dit en souriant qu’il devrait peut-être arrêter la cigarette. Il lui répond qu’il a arrêté depuis 5 ans mais que par contre il n’arrive pas à arrêter l’alcool… un ange passe… Le porte-parole du Grand Chef nous invite à partager le repas pascal de la tribu à leur table. Nous sommes très honorés de l’invitation et ravis de faire découvrir à Maman et Ségolène l’hospitalité et l’abondance de la table kanake. Après les échanges de coutume auxquels P.J participe, nous passons à table. Le père de notre agresseur est présent. Lui qui avait supplié le Grand Chef de ne pas livrer son fils aux gendarmes. Seul le sang de P.J se glace : A.V ne reconnaît personne... Quelques instants après, P.J fait l’effort d’aller lui serrer la main. Ni l’un ni l’autre n’arrive à parler, ni l’un ni l’autre ne sait vraiment ce que pense l’autre. Ségolène et Monique font un autre pas vertigineux : manger de la roussette non vidée ! Après seulement 2 jours sur place, P.J est bluffé par leur envie de découvrir tout ce qui se présente à elles. Un groupe de choristes chante pendant que nous mangeons comme des seigneurs. Monique les rejoint en fin de repas pour chanter des cantiques en nengoné.
Semaine du 25 au 30 mars : Découverte de Maré et de Clémentine. Il fait très chaud et très humide, le temps est hélas assez gris. Nous poursuivons tout de même nos visites : pique-nique sur la magnifique plage de Cengeité et ses eaux transparentes dans un mini lagon, distillerie de santal de Pénélo, trou de Bone (gouffre de 80 mètres), saut du guerrier (falaises de 60 mètres plongeant dans une mer chahuteuse), banian multi-séculaire de Rawa (arbre monumental aux allures de cathédrale végétale). Autant de visites que d’occasions de rencontrer les gens chez eux, d’apprécier leur mode de vie, leur culture et leur gentillesse.
Le soleil revient en fin de semaine, et avec lui les couleurs conformes aux clichés qu’attendaient Monique et Ségolène ! Nous embarquons sur un bateau de pêcheurs à Roh pour accoster 20 minutes plus loin sur une plage de sable blanc déserte, Eoce, entourée de rochers coralliens en dentelle enserrant un petit lagon brillant sous le soleil. Nous restons quelques heures dans cet endroit qui se rapproche du paradis. Maman qui a la phobie de se noyer se laisse ici entraîner par Ségolène et P.J pour une petite exploration des fonds marins en masque et tuba. Sur la traversée du retour, Monique fait chanter les marins avec son harmonica. En descendant du bateau, P.J avec Aloha dans les bras glisse et tombe à l’eau ! P.J est vexé, Aloha est surprise, et les autres se marrent comme des baleines… Les pêcheurs nous donnent un poisson perroquet. Nous mangeons du vivaneau le midi au gîte Sedaï de Roh dans un cadre magnifique. A la maison, nous dégustons le soir même avec un filet de citron notre poisson perroquet, délicieux. Il y a des journées comme celle-là qui en valent bien dix belles. Les filles Lesouef au nez rougi (Maman et Ségolène) ronflent dès 21 heures, comme des langoustes avec 3 minutes de court-bouillon.
Le lendemain, nous pique-niquons à Eni. P.J en profite pour emmener Ségolène en masque et tuba derrière la barrière de corail pour lui faire admirer coraux, poissons et tortues. Mais il faut déjà rentrer car ce soir nous attendons une dizaine d’amis à la maison pour une soirée Loup-Garou (genre de cluedo en jeu de rôle).
Lundi 31 mars : Départ pour Nouméa. Nous lâchons Ségolène et Maman au musée de la ville pour les mettre au fait de quelques données historiques… Elles y restent une heure mais s’attardent ensuite une heure et demie dans leur boutique préférée qui les ruinera pendant tout le séjour : « La maison de la perle ». En voiture, l’autoradio nous rebat les oreilles de sa publicité à la voix nasillarde d’une caldoche : « si tu cherches une perle de belle qualité, alors va à la Maison de la perle : y’en a tout plein partout ! ». Ce n’est pas tombé dans les oreilles de sourdes… seules les filles Lesouef semblent apprécier ces spots publicitaires qui les mettent dans des fièvres acheteuses à abattre tout le troupeau… Nous logeons dans un superbe appartement (La Casa del Sole) aux pièces immenses et à la terrasse donnant sur la baie des citrons.
Mardi 1er avril : Départ pour l’île des pins pour un séjour de quatre jours. Nous survolons un lagon magnifique. Une navette nous emmène au Kou-bugny, superbe hôtel restauré, inabordable sans promotion, donnant sur la baie de Kuto… Le luxe de nos chambres nous fait oublier le temps pluvieux des deux premiers jours. Nous mangeons le premier soir au restaurant : menu gastronomique et vue sur la mer… (Pour tout le périple : voir carte page 19).
Mercredi 2 avril : A.V se sent mal, on croit un instant à la dengue. P.J emmène Ségolène & Monique ® aux quatre coins de l’île pour visiter les grottes de la reine Hortense, le marché de Vao (bien pâle à côté de celui de Tadine), et les sculptures du sanctuaire St Joseph. Ségolène et P.J trouvent le courage de braver la pluie et le vent pour visiter les vestiges du bagne. Désertes, enfouies sous une végétation dense, les geôles n’ont pas bougé depuis le XIXe… Sous la pluie, la brume, et les courants d’air, le décor nous donne la chair de poule. Nous rentrons bien vite à l’hôtel en poussant le chauffage de la voiture. Après un bain bien chaud avec vue sur notre petit jardin japonais, l’âme des normands se réveille… Et l’âme d’un normand se situe avant tout dans son estomac… La pluie a fait ressortir le naturel, et bientôt nos chambres sentent le pâté, la rillette, le pain beurre et le bouillon Knorr. A notre grande honte, nous craignons faire défaillir le personnel venu changer nos serviettes dans ce qui s’apparente maintenant à un camp de gitans sentant la poule bouillie au son de l’harmonica…
Jeudi 3 avril : Le soleil se lève enfin. Il arrive à point car nous partons aujourd’hui pour une longue journée : départ en pirogue pour traverser la baie d’Upi, puis marche en sous bois pendant une demi-heure jusqu’à la piscine naturelle (grande retenue d’eau de mer transparente dans les terres où les poissons et les japonais restent prisonniers le temps d’une marée). Nous mangeons le midi au gîte chez Régis un bougna aux langoustes. Avec les pluies des jours précédents, l’endroit est infesté de mouches… Ségolène boude son bougna, Maman mâche le même bout de langouste depuis 10 mn… De retour à l’hôtel, la faim la tenaillant, Ségolène fait du stop pour aller chercher du pain pour les rillettes du soir…
Vendredi 4 avril : Pour varier les plaisirs, nous profitons de nos derniers instants sur l’île pour nous baigner dans la baie de Kanumera, paradisiaque. Nouvelle plongée pour Monique qui n’en finit pas de surprendre P.J. Des dizaines de poissons viennent alors manger le pain que nous leur tendons. Nous sommes même un peu dépassés par notre succès et la vigueur de leur audace toujours plus grande. A.V va mieux : elle a envie d’une grosse viande au restaurant… Il en faut moins pour mettre en appétit Ségolène & Monique ®… Ce sera donc une grosse entrecôte saignante sur son lit de frites qui viendra parfumer la terrasse du restaurant où nous nous sommes installés sans que personne n’ose s’approcher. Les mouettes cachent mal leur surprise devant les effluves de nos reflux gastriques. Nos yeux ternes peinent à refléter la lumière du lagon qui s’offre à nous. Il est temps de quitter ce paradis… Le riche se lasse très vite, à l’image de son foie… Vite, vite, un avion ! Arrivés à Nouméa, nous regagnons le confort de notre suite à la Casa del Sole avec une satisfaction toute bourgeoise… Plaisanterie mise à part, notre souvenir de l’île des pins reste comme un pur moment de bonheur et de beauté. Dommage que cette beauté ne puisse se sertir sur une bague… Ah ! si tout était aussi facile qu’à « la Maison de la perle » !
Samedi 5 avril : Courses avant le départ pour le tour de la Grande Terre. Ségolène & Monique ® vont en pèlerinage à « The House of Pearl Institute », puis à la Maison des artisans ressassant à l’envie leurs anxiétés acheteuses réciproques et ricochantes : « Qu’est ce que je dois acheter ? A qui dois-je l’offrir ? et si je le gardais pour moi ? au fond, ce coquillage fera bien l’affaire pour X, je garde pour moi cette parure de perles… Ce n’est pas assez cher pour être beau… c’est trop cher pour être laid… c’est trop beau pour être cher… ce n’est pas assez laid pour être peu cher… D’accord j’ai choisi celui-ci, mais au final, est-ce je n’aurais pas dû acheter celui-là ? Puis-je être sans avoir ? ». La question n’est pas auxiliaire… A vrai dire, ces angoisses existentielles de Ségolène & Monique ® n’ont d’égales que leurs folie des cartes postales qui vient leur pourrir tout instant calme où elles pourraient savourer le temps présent en se posant.
Dimanche 6 avril : Départ pour notre Tour de la Grande Terre à bord de notre voiture de location (voir carte page 19). Après deux heures de route, nous avons rendez-vous à la tribu de Ouatom (près de La Foa) où un conteur mélanésien doit nous guider en forêt. Sous une pluie battante nous attendons notre guide qui nous a oubliés. En guise de lot de consolation, son fils nous fait visiter la grande case traditionnelle. Sous nos serviettes, nous ressemblons à des roussettes détrempées. Nous fumons nos jambons au feu de la case pendant que les nuages s’égouttent. Nous repartons pour visiter la Foa, et notamment son parc avec ses magnifiques statues réalisées par des artistes de tout le pays. Nous arrivons finalement à Farino après quelques lacets au creux de splendides vallées vertes. Là, nous mangerons chez Mamie Fogliani du rôti de cerf à côté d’une rivière en crue, et à côté d’un braillard qui déverse ses paillardises à torrent à la table voisine. Auprès d’une tête de cerf empaillée, un cadre dit ceci : « Christ est le Chef de cette maison. Hôte invisible, présent à chaque repas, auditeur silencieux de chaque conversation ». Ca ne s’invente pas ! A n’en pas douter, écouter en silence claironner ce ténor du mauvais goût constitue une station supplémentaire du chemin de croix du Christ : les grandes douleurs sont muettes. Nous repartons pour Bourail et sa plage de sable noir de la Roche percée au bout de laquelle trône le célèbre Bonhomme (rocher détaché de la falaise aux allures d’homme). La mer est déchaînée et la pluie battante. Nous repartons pour Koné pour la nuit. Nous avons échangé notre maison de Maré avec celle de professeurs de Koné.
Lundi 7 avril : Aujourd’hui, nous allons parcourir la transversale qui relie Koné côté ouest à Poindimié côté est, traversant ainsi toute la chaîne montagneuse. Nous marquons un arrêt au Col de Tango pour profiter d’un panorama magnifique qui rappelle les collines vertes des Vosges. Nous faisons un petit crochet pour visiter la tribu de Bopope. Nous y découvrons des cases superbes et fleuries, dans un cadre escarpé et montagneux. Nous pique-niquons au bord de la Tiwaka. Sur la côte est, nous nous faisons guider pour découvrir la cascade de Kukengone. Le chemin est marécageux… nous nous enfonçons dans la boue jusqu’au genoux. Ségolène & Monique ® boîtent : cette boue les guérira ou les achèvera… Malgré les grandes déclarations d’intention dans la voiture, seul P.J ose se baigner au pied de la cascade… Pour les spectatrices, l’eau est trop froide, pas assez claire, et il pleut… alors il ne faut pas se mouiller lorsqu’on est trempé, c’est bien connu…
Mardi 8 avril : En route pour Koumac ! Nous visitons l’atelier du sculpteur Léonce Weiss, où chacun craque pour une flèche faîtière traditionnelle, celles qui trônent sur le toit des cases. Auparavant, seuls les Grands chefs pouvaient brandir un tel trophée. Nous marquons une pause sur la route pour nous restaurer d’un bon pique-nique crevettes/ananas… Mais, malheur, le Tupperware est resté à Koné et faire demi-tour est impossible ! C’est donc avec un appétit mesuré que nous piochons dans un restant de riz sec. Nous prenons la direction de Poum. Toute la région est quadrillée par des militaires. En effet, un exercice militaire grandeur nature rassemble toutes les forces militaires de la région océanienne, dont la principale australienne. Nous dépassons maintenant Poum et ses militaires embusqués dans les virages, des branchages accrochés aux casques, aux allures d’insurrection. Nous nous engageons sur une piste défoncée par les pluies torrentielles des derniers jours (des Saints des Derniers Jours devrais-je dire dans une vision eschatologique…). Nous souhaitons atteindre le « Boat Pass », c’est-à-dire l’extrême pointe de la Grande Terre. En chemin nous nous arrêtons sur la plage de Nennon. La lumière est surréelle et l’air immobile. Le ciel est lourd de gros cumulus. Mais il n’y a pas de vent et ils restent donc sur place tandis que le soleil couchant envoie une lumière chaude derrière les nuages plus fins de l’horizon. La nuit étant proche, nous essayons de continuer cette piste déserte au décor lunaire. Mais nous devons finalement faire demi-tour car la piste devient impraticable. D’ailleurs, la pluie va recommencer à tomber. Un radier est un pont en béton sur lequel peut couler l’eau en cas de crue. Nous devons en traverser un pour rejoindre Koumac, et ce matin, il était déjà bien recouvert : les enfants jouaient dessus à se faire éclabousser par les voitures. Nous sommes donc un peu nerveux. A 20h00, nous arrivons finalement à notre hôtel à Koumac (après l’avoir cherché pendant une ½ heure : aucune indication n’en révèle l’entrée, comme d’habitude). Tenancière à peine aimable à l’accent caldoche et table de poker enfumée font le décor de notre Motel. Le lendemain, nous visitons l’église de Koumac où l’on apprend que l’amour du bon vin, et peut-être aussi la main de Dieu, a permis à deux hommes partis chercher le bois pour les bancs de l’église, de ne pas périr dans un éboulement de terrain au cœur d’un gros orage. En effet, levant le coude au volant de leur camion pour se donner du courage avant une grande descente sous la pluie, ils ont ralenti l’allure et au même moment, une portion de route s’effondrait devant eux. La Sécurité routière semble avoir oublié la leçon…
Nous nous lançons ensuite dans la transversale nord qui relie Koumac à Ouegoa. Nous culminons un paysage imprenable au Col d’Amos entre montagne d’un côté et lagon de l’autre. Nous redescendons pour rejoindre ainsi la côte est. Nous nous arrêtons à Balade où débarqua en 1774 James Cook, premier européen posant le pied en Calédonie. C’est aussi ici qu’eût lieu la première messe et que naquit la première mission catholique en 1873. C’est aujourd’hui un village fantôme où il ne reste guère plus que l’église.
Puis, nous traversons Pouebo, village qui nous paraît interminable car constitué de 16 tribus. De nombreux sculpteurs, de petits étals d’artisanat ou de coquillages jalonnent la route de la côte est. La route est superbe, entre lagon et montagne, longeant les cases fleuries et parsemée d’abris-bus tous peints de paysages… ou de fresques militantes indépendantistes.
La route s’arrête devant un fleuve… Nous sommes devant la Ouaième. Il s’agit d’un lieu tabou pour les mélanésiens qui ont interdit la construction d’un pont. Alors le passage se fait par un bac qui tracte maximum deux voitures sur son plateau. Le vieux moteur du bac tire sur un câble qui relie les deux rives.
En arrivant sur Hienghène, nous découvrons d’immenses rochers posés sur la mer aux formes d’animaux, en l’occurrence une poule. Magnifique. Ce sont ensuite les falaises Lindéraliques qui s’offrent à nous. Nous filons ensuite sur Poindimié.
Nous logeons chez une prof en vacances chez nous sur Maré. Sa maison est confortable avec une immense terrasse : dommage que nous n’y restions qu’une nuit.
Jeudi 10 avril : Avant de quitter la maison, une forte odeur de poisson faisandé nous chatouille les narines… A la faveur d’une coupure d’électricité il y a quelques jours déjà, un des congélateurs de la propriétaire s’est mis en décongélation et du jus de poisson pourri commence à envahir le corridor d’entrée. Pendant que les femmes s’activent à charger la voiture, P.J esponge pendant ½ heure cette sainte horreur. La voiture démarrée lui permet de se décoller les poumons. La plage de Poindimié tant vantée paraît bien pâle à côté de celles de Maré. C’est bien simple, nous ne descendons même pas de la voiture ! (C’est tout de même une plage correcte en soi : sable blanc + cocotiers, mais moins belle que …). Nous sentons que Poindimié est une petite ville sympathique à vivre avec ses petites boutiques, ses associations sportives, … sa plage. Nous continuons notre route vers Canala. Nous consentons un détour par la vallée de la Tchamba que nous remontons sur quelques kilomètres. Nous sommes récompensés : de vertes collines éclairées de prés lumineux tranchent avec le paysage de jungle d’il y a quelques minutes. Une rivière chante en leur creux, et l’on s’attend à tout instant à dire bonjour à Charles Hingalls qui fend du bois ou à Heidi faisant des galipettes dans les colchiques.
A partir de Poro, nous quittons la route du littoral pour rentrer dans la chaîne montagneuse. Dans les hauts de Poro, nous nous plongeons dans un véritable paysage martien où tout est rouge. Dans cette gigantesque mine à ciel ouvert, Monique sort son harmonica… Le vent dans les cactus, ce paysage désertique, ces fétus de paille qui roulent, et Monique à l’harmonica, le Colorado n’est pas loin… Nous croyons entendre un aigle, mais c’est simplement l’estomac de Ségolène qui pousse des cris…
Ségolène a une faim de coyotte, mais nous activons la fermeture centralisée des portes : nous ne mangerons qu’une fois arrivés aux sources chaudes de La Crouen. Si Ségolène avait déjà faim à 11h30, autant vous dire qu’à 14h00, elle commence à se faire les dents sur le levier de vitesse et le pare-soleil… A l’approche du site, nous croisons un jeune mélanésien, Jimmy, qui est enchanté de nous guider. Une légende transmise par la tradition orale kanake explique les origines de ces sources chaudes. Il y a bien longtemps, la vallée de la Crouen était sacrée. Seule une famille, gardienne du site, et un dieu, Wankwéné, qui punissait les imprudents commettant le sacrilège de venir jusqu’ici, vivaient dans cette vallée. Une nuit, Wankwéné remua dans son sommeil et bouscula la montagne. La rivière, qui coulait le long de la pente ouest, dériva vers le versant est. Les tribus montagnardes voulurent alors s’approprier la source. Un jeune homme de la tribu de l’ouest partit donc à la recherche de la source. Au même moment, une jeune fille de l’est (pas Patricia Kaas voyons…) s’égara (ni Hélène voyons voyons…). Naturellement, ils se rencontrèrent, s’éprirent l’un de l’autre, et se sauvèrent dans la forêt. Issus de tribus adverses, ils ne pouvaient cependant rentrer ensemble. Une fois arrivés dans la vallée de La Crouen, ils provoquèrent le courroux du dieu Wankwéné qui n’était pas du genre à plaisanter… De colère, il leur urina dessus. Aussi sec (hum…), ils se transformèrent en tortue et en roussette. La légende ne dit pas qui de celui qui se transforma en roussette avait le plus de poils au pattes, mais l’on dit que de l’endroit où ricocha l’urine jaillirent deux sources chaudes : les sources de la vallée de La Crouen. Un nom aux consonances bretonnes pour une légende bien arrosée… Les résurgences sulfureuses et alcalines débitent 250 m3 par jour à une température de 40 à 44°C. Des bassins recueillent les eaux chaudes, vestiges des anciennes installations de la station thermale fondée en 1946, abandonnée pendant les évènements des années 80, et jamais ré-exploitée pour cause de conflits entre 2 tribus d’après Jimmy. Les eaux sont efficaces contre l’asthme, les affections bronchiques et les rhumatismes, bref un bain de bienfaits pour Lesouef. Les chairs sont ensuite raffermies en se plongeant dans la petite rivière voisine dont la température indique qu’elle descend tout droit de la montagne… à cheval, hip ! hop !
Il faut repartir déjà et s’arracher à nos bains à grand-peine. Nous nous engageons dans la transversale Canala / La Foa. La route est tortueuse, mais également somptueuse avec ses grandes forêts de pins colonnaires, de bancouliers, et de fougères arborescentes entre deux cascades.
Nous arrivons vers 19h00 fourbus et ravis à Nouméa, dans notre suite à la Casa del sole, home sweet home. Le tour de Nouvelle Calédonie est bouclé.
Vendredi 11 avril : C’est presque une rengaine, A.V et P.J courent entre courses, fret, rendez-vous chez le juge d’instruction, et médecin assermenté. Ségolène & Monique ® prennent en charge Aloha et visitent l’aquarium de Nouméa.
Samedi 12 avril : Pure journée de détente, où l’on observe que se laisser aller à une journée dans le bain tiède d’un tourisme de masse bien organisé peut avoir un côté relaxant et jubilatoire… En effet, nous embarquons au son des ukulélés polynésiens pour l’îlot où se dresse le phare Amédée. Après une traversée en bateau d’une 1/2 heure où l’on observe poissons et requins se battant pour la nourriture que leur jettent les Gentils organisateurs, nous accostons sur l’îlot sous un ciel radieux. Nous voici au pied du phare, haut de 56 mètres. Il a été construit à Paris en 1862 à l’occasion de l’exposition universelle de Londres, puis transporté pièce par pièce vers Nouméa pour illuminer en 1865 la passe de Boulari. Nous gravissons les 247 marches pour admirer le panorama.
Nous bénéficions d’une petite excursion en bateau jusqu’à la barrière de corail où la profondeur de l’eau passe de 25 à 1000 mètres. Nous assistons au festin des poissons et des requins. Aloha est ravie de jeter du pain à la curie nautique.
De retour sur l’îlot, un buffet gargantuesque est servi à volonté : viandes, poissons, crudités, desserts… et punch, pendant que des danses folkloriques polynésiennes finissent de nous régaler. Ségolène est réquisitionnée pour jouer de la poubelle-contrebasse et P.J pour une danse de hakka.
Deuxième excursion en bateau, où le fond de verre nous permet d’admirer de gros spécimens de poisson. Ségolène est la seule à oser plonger avec le guide. Aloha fait coucou de la main. Nous ne savons pas si ceux-ci sont des au-revoir ou bien des adieux…
Un petit tour dans la boutique souvenirs pour Ségolène & Monique ®, où il est bon de se sentir vivre, une petite séquence frisson avec les serpents « tricots rayés » où il est bon de se sentir vivre, et tout le monde en bateau où il est dur de se sentir vivre tant il est vrai que partir c’est mourir un peu…
Dimanche 13 avril : Ségolène & Monique ® s’envolent à bord de leur grand airbus bleu de mer lesté de leurs bagages, qui a bien du mal à décoller de la piste… Telles des Paris Hilton sans patrie ni regrets, Ségolène & Monique ® s’en vont en ayant tout pillé sur leur passage, prenant tout, ne laissant rien, ivres de gloire, de beauté, de souvenirs… et couvertes de perles de belle qualité alors va à la Maison de la Perle ! Hélas, si leur trajet retour s’est bien déroulé, Ségolène & Monique ® n’en demeurent pas moins soumises aux lois des hommes : ouvrant les bagages de Ségolène, la douane est effarée de voir la quantité de sable et de coquillages soustraits frauduleusement aux rivages classés calédoniens. A qui faire croire que ce sable et ces coquillages étaient restés accrochés à leurs cheveux, dans leurs oreilles ou leurs nombrils quand on en transporte près de 6 kilos ? … la maréchaussée a certes de grandes oreilles pour tenir le képi, mais il y a des bornes à tout chez les esprits bornés !
Nous aussi reprenons l’avion, de retour à Maré. C’est le début des vacances pour Aloha dont les siestes ont été un peu trop perturbées, mais c’est la rentrée pour le petit Pierre-Jean. La naissance de Clémentine et le séjour de Maman et Ségolène ont lavé la maison des mauvais souvenirs pour les remplacer par d’autres. A partir de ce moment, les flashs s’atténueront, et le sommeil s’améliorera.
Jeudi 24 avril : La famille Adams débarque à 7h00 à la maison avec les deux petits car ils n’ont plus d’eau depuis dimanche, et ils ont besoin d’une vraie douche… Aloha est un peu surprise de voir sa maison envahie au réveil, mais elle prend vite l’initiative du contact et entame un cache-cache avec Noa.
Pour la première fois, Clémentine a esquissé une nuit qui ressemble à une nuit : de 20h00 à 23h00 puis de 23h45 à 3h00 ; ensuite réveil toutes les heures mais recouchée en 5 mn. A.V s’aperçoit qu’Aloha est en train d’apaiser le chagrin de Clémentine sur le canapé, brandissant la girafe Sophie, la faisant couiner. Puis c’est tour à tour un défilé de peluches qui remplissent de joie Clémentine et de fierté sa grande sœur.
Samedi 26 avril : A.V qui nous gratifie d’une soupe de pois cassés depuis 24 heures a le toupet de se moquer des effets indésirables dont semble souffrir le pauv’Lout… Même Aloha fait la grimace confrontée à un dégazage sauvage du fond de cuve de P.J… Tout le monde rit ! Mais Aloha semble vraiment dégoûtée, et quelques secondes après, c’est le biberon du matin qui remonte et qu’elle vomit sur les pieds de son père ! Le quartier est alors bouclé par les services sanitaires.
Dans l’après-midi, il fait chaud et nuageux, nous nous donnons tout de même la peine de sortir à la plage de Cengéité. La plage est déserte, pas un bruit, nuages mauves, mer bleue outre-mer et sable orangé par cette lumière tamisée. Etre seuls dans cette beauté est un vrai luxe.
Dimanche 27 avril : Nous avons de nouveaux voisins. Bien sûr, Yvon habite à côté de chez nous, mais de l’autre côté une maison restait inhabitée depuis que nous sommes là. C’est avec un peu d’anxiété que nous avions appris l’arrivée de futurs locataires. Mais nous sommes rassurés de rencontrer une famille mélanésienne charmante avec ses 4 enfants. Nous les invitons à manger à la maison. Lui travaille pour la Province des Iles afin de développer le secteur de la pêche sur Maré. Elle, était institutrice, mais se retrouve au foyer sur Maré. Ils sont originaires de Lifou, mais ont travaillé en Province Nord avant d’atterrir sur Maré en attendant le retour pour Lifou. De son expérience du Nord, il en retire des expressions fleuries des caldoches qu’il a pu observer : « on va casser la gueule aux cerfs (on va à la chasse) ; non mais t’as vu le bétail ! (Regarde-moi ça) ; oh ! L’engin ! Il va se péter la barre du cou (fichtre, s’il n’y prend garde, cet homme va s’égratigner) ; enculé de gamin, il est parti avec le 4X4 et la glacière pétée de bières (Gredin de fils, il a emprunté l’automobile avec de quoi se désaltérer, que c’est exaspérant !).
Mardi 29 avril : PMI pour Clémentine au Dispensaire : 5,2 Kg et 55,5 cm, ça profite ! Les pets et les rots se font moins dans la douleur et les nuits n’en sont que meilleures… C’est vrai aussi pour les vieux couples !
Aloha est toujours aussi passionnée des avions… Mardi est jour de marché, et cela ne peut se faire sans un crochet par l’aérodrome afin d’observer au moins un atterrissage ou un envol d’avion.
Vendredi 2 mai : P.J termine de désherber le lopin de terre qui nous servira de potager. Nous attendons un apport de terre végétale par camion, mais celui qui doit déverser cette terre se fait attendre depuis fin mars… Ce n’est pas à la Maison de la perle qu’on laisserait le client dans le désarroi comme cela !
Samedi 3 mai : Fête de l’avocat à Nece. P.J est dans tous ses états… atteint d’une vilaine rhinite allergique, il doit participer à un tour de chants avec des collègues du Collège. Nous mangeons avec Yvon au stand de la Revendication indigène… c’est le meilleur menu : salade de poulpe, crevettes au curry, mousse dessert à l’avocat. Le petit P.J est alors appelé au micro pour interpréter « Koé », une chanson en nengoné avec Dick Buama, un grand chanteur de Calédonie. La chanson fait forte impression sur le public.
En fin d’après-midi, nous filons chez des amis car Aloha doit honorer une invitation à un anniversaire… Malheureusement, elle s’est endormie pendant le trajet… Qu’à cela ne tienne, les parents trinquent alors ensemble !
Dimanche 4 mai : Nous initions Yvon au rummy (genre de scrabble avec des chiffres). Il a l’impertinence de gagner. Ce n’est pas grave, nous croquons des crêpes. La défaite a parfois bon goût…
Lundi 5 mai : P.J est fébrile, avec tous ces ponts du mois de mai, il a du mal à faire avancer ses ouailles et son travail. Il enchaîne les heures afin de pouvoir partir pour le pont du 8 mai relativement serein…
Mercredi 7 mai : Nous nous envolons pour Lifou passer ce week-end à rallonge. Une escale de six heures à Nouméa est immédiatement mise à profit pour faire des courses (photographe pour les faire-part de naissance de Clémentine, une barrière de lit pour Aloha qui va dorénavant dormir dans un grand lit, courses en grande surface, dépôt au fret maritime, banque). Angie et Christophe nous attendaient pour manger, nous ne pourrons rester que 20 mn montre en mains ! Ils vont avoir une petite fille eux aussi… L’avion redécolle pour Lifou et nous profitons de ces 25 mn de vol pour souffler. A première vue, Lifou ressemble beaucoup à Maré. Des magasins plus diversifiés sont effectivement à noter, mais cela reste de petites échoppes. Par contre au niveau des prix, nous nous rendons compte de la différence : les prix sont comparable à ceux pratiqués à Nouméa, alors que sur Maré il faut rajouter jusqu’à 30 % en plus. Nous empruntons la maison du Principal du Collège de Wé qui part pour Maré. Nous sommes comme des coqs en pâte. Nous trinquons aux 32 ans de P.J à la Number one (bière locale) améliorée de sirop Teissert à la framboise.
Jeudi 8 mai : Nous nous rendons dans la baie de Luengoni sous un soleil éclatant. Longue plage de sable blanc très fin et à l’eau transparente. On a du mal à croire qu’ici même une infirmière s’est faite croquer par un requin il y a 8 mois…
Vendredi 9 mai : Le marché de Wé est un petit marché sympathique en bord de mer. Nous y faisons quelques achats de légumes, mais intérieurement, nous les trouvons moins beaux que ceux de Maré. L’après-midi, nous allons à la plage de Peng. Très jolie en surface, elle n’a rien à nous montrer de ses fonds marins. Aloha qui est un peu fiévreuse, se concentre intensément sur ses pâtés de sable après s’être baignée avec P.J. Pendant qu’A.V se baigne à son tour, un drame se noue… Aloha a décidé d’apprendre le monde à sa petite sœur, et notamment sa force et sa science. A cet effet, elle prend une grosse noix de coco et la montre à sa sœur qui est toute émerveillée et ouvre de grands yeux comme une fleur s’ouvre au soleil d’une aurore nouvelle. Sonpapa félicite la grande pour sa louable attention quand la noix de coco s’échappe des bras du Lapin pour aller se fracasser sur le visage offert du bébé. Rictus cramoisi de Clémentine quelques instants silencieuse, stupeur du Lapin et affolement du père. Samaman a bien du mal à calmer l’énorme chagrin de Clémentine dont la bosse au front ne cesse de grossir. 2 granules d’arnica et une tétée plus tard, elle dormira pendant une heure. Aloha est toute confuse. Le soir, Aloha a la fièvre (39,6°C), un biberon et au lit. Pour les parents, nous devions nous faire une soirée moules à la crème tranquille. Mais A.V tente en vain d’appeler un guide pour la promenade du lendemain, les moules sont trop cuites, pas assez salées, P.J se réfugie dans son verre de blanc.
Samedi 10 mai : Nous nous dirigeons dans le nord de l’île pour visiter une vanilleraie à Mucaweng. De la plantation à la première gousse, il se passe 5 ans ! La pollinisation se fait manuellement, on marie ainsi les fleurs de vanille aux premiers rayons du soleil, les fleurs se fermant ensuite pour le reste de la journée. Les gousses sont alors ébouillantées puis mises à suer dans une couverture, et ce 4 à 5 fois. Elles sont ensuite séchées au soleil. L’ensemble de la production est écoulé par la consommation locale et les touristes, qui, contrairement à Maré, sont nombreux sur Lifou. La culture de la vanille aux îles Loyauté peut être rentable, et elle présente l’énorme avantage de préserver la vie en communauté, et donc de préserver la coutume et l’identité kanake. La vanille produite ici est d’excellente qualité : elle a un fort taux de vanilline. Nous mangeons sur place le midi, au menu : perroquet (poisson) à la crème à la vanille, simple mais excellent.
Nous visitons Notre-Dame de Lourdes à Esao, une petite chapelle dont le toit soutient une statue massive de la vierge, surplombant le lagon et l’église St François-Xavier qui est sans doute la plus belle de Calédonie, où se sont déroulées les festivités des 150 ans de l’arrivée du christianisme. Aloha, en pensant fort à son parrain François-Xavier, s’est pieusement recueillie pour appeler la sainteté sur elle… et son parrain ! Un peu plus loin, nous découvrons une grotte rafraîchissante mais un peu inquiétante pour Aloha, avec ses chauves-souris et sa gorge profonde (tiens, ça me rappelle un film…). Puis nous filons à la baie de Jinek connue pour ses fonds poissonneux. Nous ne sommes pas déçus, cela grouille de poissons multicolores. Enfin, juste avant la fin de la journée, nous roulons vers la pointe nord de Lifou pour y assister au coucher du soleil du haut des falaises de Jokin. Si le soleil est déjà tombé dans l’eau, nous admirons tout de même le superbe dégradé de couleurs qui accompagne sa chute. Nous en profitons pour admirer la grande case de la tribu qui passe pour être la plus belle de Calédonie. Nous l’apercevons au loin sans pouvoir approcher car une fête s’y déroule, l’éclairant d’un feu de bois.
Dimanche 11 mai : Impossible de joindre notre guide pour visiter le lac souterrain de Inegöj (Nous apprendrons plus tard que cette promenade n’est plus ouverte car la sécurité des visiteurs n’est pas assurée). Impossible de joindre un guide pour la grotte de Luengoni non plus, alors nous achetons un poulet grillé, du ketchup, et des chips afin de pique-niquer sur la baie de Luengoni pour atténuer notre chagrin.
Lundi 12 mai : P.J se lève tôt car il doit plonger à 2 endroits différents dans la matinée. Gorgones, coraux magnifiques et poissons en tous genres. Il en revient épuisé mais heureux. Le repas pris, nous partons pour le sud (35 Km) pour admirer les falaises noires de Xodre battues par les vents et les vagues. Nous apercevons au loin les îles Tiga, Dudun et Maré.
Mardi 13 mai : Nous devons rendre la voiture de location avec le plein, mais les pompes à essence n’ouvrent qu’à 7h00 et notre avion est à 7h30. Une fois de plus, ça va être la course. P.J parcourt les 30 Km qui nous séparent de l’aérodrome à vive allure, mais prudemment, c’est-à-dire pied au plancher mais les yeux grands ouverts et la main sur le frein à main... A.V saute de la voiture avec les enfants tandis que P.J cherche une place de parking. Nous attrapons in-extremis notre vol pour Maré. P.J embraye sur sa journée de travail.
Semaine du 13 au 18 mai : Semaine de conseils d’administration pour P.J, pour les Collèges de La Roche et Tadine où il présente ses comptes financiers.
Nous recevons enfin nos photos de faire-part de Nouméa, et nous commençons les maquettes sur ordinateur et les pliages.
Clémentine ne se réveille plus qu’une fois par nuit, et est très agréable de jour pour peu qu’elle soit en porte-bébé…
Grosse semaine de caprices pour Aloha. Certes ce sont les premiers, mais ils sont virulents, et nous surprennent un peu. En parallèle, elle maîtrise de mieux en mieux son corps. Elle aime courir, sauter à pieds joints, et sait descendre de son lit à barreaux… Nous décidons alors de passer au grand lit. Heureusement les parents prévoyants avaient acheté une barrière de lit antichute… La première sieste fut épique : début de sieste à 13h00 – Aloha se relève 5 ou 6 fois – endormissement à 16h15… jusqu’à 22h30 ! Après un biberon, elle ré-embrayera sur sa nuit jusqu’au matin.
Semaine du 19 au 25 mai : Aloha se fait souffler dessus par Apolline (la fille de l’épicière, celle qui a toujours de grosses chandelles liquides ou en croûte sous le nez). Aloha tombe malade deux jours plus tard avec un gros rhume qu’elle refilera à sa sœur. Les caprices d’Aloha s’estompent, mais la jalousie reste bien présente : elle ne supporte pas que sa maman la délaisse pour consoler Clémentine. Toffee et Honorine (la chatte d’Yvon) en font les frais, hélas les punitions n’empêchent pas les récidives (à méditer Rachida !). Grosses explications sur l’amour que nous lui portons, et le discours semble faire mouche. De grosses embrassades avec papa et maman et des moments d’exclusivité de jeu ramènent la sérénité. Nous lui montrons que Clémentine ne peut pas faire tout ce que elle est maintenant capable de faire. Alors, toute fière, elle se sent plus valorisée et même investie d’une mission civilisatrice auprès de sa petite sœur ! Par ailleurs, le principe du lit est acquis pour la nuit et une fois sur deux pour la sieste. Par contre, refus catégorique du pot, ça fait trop pour elle…
Semaine du 26 mai au 1er juin : P.J est en vacances pour 2 semaines, entamées de 4 jours de permanences. Il rentre chaque jour plus heureux d’être à jour de tous ses dossiers et de son bureau bien rangé… Finalement, P.J est un grand garçon qui aspire à des joies simples !
A la PMI, les filles seront mesurées et vaccinées ! Résultat des courses : l’élevage tient toute ses promesses pour l’instant… Un vaccin pour Aloha qui ne pleure même pas, 11,5 Kg pour 87 cm, une grande fille ! Deux vaccins pour Clémentine, 5,7 Kg pour 57 cm, elle culmine dans ses courbes de croissance, y compris pour le périmètre crânien ! Bien sûr, nous savons que Einstein avait un cerveau plus petit que la moyenne, cela nous rassure pour la petite tête d’Aloha… Mais avoir un gros cerveau à la maison, « ça peut servir, on ne sait jamais ! » comme disait Tonton Maurice en ramassant un vieux clou à terre !
Mauvaise nuit pour Aloha et ses parents… on ne sait pas pourquoi, elle se réveille toutes les heures, finit par tomber du lit et termine sa nuit dans notre lit… On sent que beaucoup de choses changent dans son esprit.
Mardi 3 juin : 2 ans d’Aloha qui ne rajeunit pas elle non plus. Nous faisons un saut à la plage d’Eni le matin. Aloha est entourée d’une horde de petits enfants. Fatiguée, elle semble spectatrice et subit les évènements. Nous rentrons pour manger… et vient l’heure du gâteau d’anniversaire au chocolat avec deux bougies (deux « feux », d’après Aloha). Séquence gâteau, séquence photos, séquences cadeaux. Cerise sur le gâteau, Sonpapa et Samaman lui chantent sa chanson, écrite par P.J. Depuis à peu près ce jour, les caprices se sont largement espacés, et la jalousie quasiment disparue.
Vendredi 6 juin : 32 ans d’Anne-Violaine qui ne rajeunit pas elle non plus… (Pourquoi pour l’une ça fait rire et pas pour l’autre ?). Après le repas et le gâteau, nous partons pour la plage de Pédhé pour profiter de la belle journée. Avec les grandes marées, l’eau se retire un peu plus, et cela a une incidence sur notre site de plongée en apnée : les coraux sont plus proches de la surface rehaussant leurs couleurs, et les poissons sont plus concentrés dans moins d’eau. Le spectacle est fantastique.
Nous repartons au crépuscule. 3 Km plus loin, la voiture s’arrête en pleine nature… et ne veut plus redémarrer… La nuit est tombée et P.J fait du stop. Un pick-up nous monte dans sa benne. Nous lui demandons de nous déposer au magasin quelques kilomètres plus loin. Par chance celui-ci est encore ouvert ! P.J y rencontre un de ses agents. Il achète une corde de remorquage, et le vieux Alexandre accepte de nous remorquer jusqu’à La Roche (25 Km plus loin). A.V et les enfants montent avec Alexandre. Les enfants d’Alexandre sautent dans la benne et lui donnent des instructions par la lunette arrière. En effet, le vieux Alexandre a du diabète qui lui a coûté une jambe, et un champ de vision assez étroit. Alors le remorquage s’annonce stressant. P.J essaie de piloter notre voiture tant bien que mal car sans le contact, il n’a plus de frein pédale (reste le frein à main) et a une direction limitée. Nous sommes rassurés d’être arrivés à bon port à La Roche. Nous récompensons Alexandre et ses enfants. Dans notre malheur, nous avons connu toute une série très rare d’éléments pratiques s’emboitant les uns avec les autres, ce qui est très difficile à réaliser sur Maré = le magasin était encore ouvert + une corde de remorquage était dispo + Alexandre avec son pick-up + ses enfants pour le guider. Nous devions confier notre voiture le lundi suivant au professeur de mécanique de l’annexe de Lycée Professionnel pour changer le bloc thermostat qui fuyait… Il nous avait dit qu’en attendant on pouvait rouler sur 20 Km, la voiture n’avait pas le temps de chauffer... Nous sommes partis pour une grosse galère.
Dimanche 8 juin : Surprise-party chez Aloha Noël… en effet, pour son anniversaire, ses parents ont convié tous leurs amis pour faire une grande fête avec leurs enfants. Aloha fait la sieste. Quand elle se réveille elle découvre sur sa terrasse et son jardin pas moins d’une vingtaine d’humains et leurs grandes mandibules en train de déambuler. Tandis que P.J anime le stand fléchettes, A.V tient le stand chamboule-tout (il a fallu que l’on boive une dizaine de canettes de bière cette semaine pour la bonne cause !). Une grande chasse aux bonbons est lancée dans le jardin. Aloha est contente mais médusée par tous ces enfants dans son jardin, avec des bonbons et avec ses jouets… Elle reprend ses esprits pour le gâteau, la montagne de crêpes, une grimolle (gros clafoutis aux pommes recette tourangelle) et 3 litres de punch pour les grands… Avant d’entamer un foot acharné, P.J force l’admiration des petits comme des grands en faisant décoller une fusée à eau faite d’une bouteille de coca-cola qui décolle à 15 mètres ! Aloha a beaucoup aimé le foot et ses cadeaux (livres, pull Barbie, peinture, poupée, …). Ce fut un après-midi très joyeux. Il y avait bien trop de punch… Sonpapa et Samaman ont fini le punch durant toute la semaine, pour la bonne cause encore…
Semaine du 9 au 15 juin : Nombreuses répétitions pour P.J et la bande de musiciens du Collège car c’est la semaine de la fête de la musique. Ils joueront au quatre coins de l’île durant la semaine.
Côté cour, il n’est plus question d’attendre une semaine de plus notre marchand de terre qui invente une excuse à chaque relance. A la limite, c’est moi qui l’agace à chaque fois que je le rappelle en restant aimable, quand il n’a pas honoré sa promesse. Côté jardin, Honorine et Aloha aiment à se rouler dans la terre fraîchement retournée… Nous semons des courgettes, des radis, des navets longs, des tomates, de la roquette, de la menthe et de la salade.
Le mécano de l’ALP a changé le bloc thermostat, mais la voiture ne redémarre pas…
Fête des pères : Aloha avec la complicité de Samaman dessine une belle œuvre d’art abstrait pour Sonpapa… mais la pauvre enfant s’en va l’offrir à Yvon , le voisin… Ca va jaser dans le quartier !
Semaine du 16 au 22 juin : P.J chante le lundi à Taremen, le mardi à Tadine, le vendredi à La Roche : Koé fait comme toujours un tabac.
Clémentine rit aux éclats pour la première fois quand Samaman lui remue les bras en cadence.
Essai d’une semaine sans couche pour Aloha afin de lui faire prendre conscience de ses flux naturels… A.V nettoie pipi et caca dans la maison et la terrasse pendant huit jours et jette l’éponge avec l’eau du bain ! Retour à la méthode douce : aller régulièrement sur le pot. En revanche, son vocabulaire s’enrichit, nous sommes surpris de la voir comprendre nos dicussions courantes. Lorsque nous lui demandons d’aller chercher une banane dans le frigo, elle s’exécute… etc. Toutefois, la prononciation reste aléatoire : Tachi = Toffee ; machi = merci ; tachi = taché ; bichou = bisou et pas encore bijou mais ça ne saurait tarder, etc… Tout cela forme un savoureux hachis… Les associations de mots se font de plus en plus à-propos : poichon caché = poisson en plastique effectivement en sale état.
Nous pensons à Fabien ordonné prêtre le 21 juin à Ars.
Semaine du 23 au 29 juin : P.J va déposer ses comptes financiers à la Trésorerie Générale de Nouméa pour examen. Fort habilement, il court-circuite les bavardages des agents de la Trésorerie en déposant son compte financier à 11h25 alors que la pause repas est à 11h30… Objectif atteint : l’année d’avant il avait été retenu pendant 1h30, et là pendant 5 mn seulement… Il en profite ainsi pour faire des courses non stop et sans pause déjeuner. En fin de journée, il est rincé mais heureux d’avoir tout fait.
A.V emmène les petites en poussette à la PMI, soit une expédition de deux heures en tout… La grosse Louloute porte bien son nom : 6,4 Kg pour 62 cm, et 2 vaccins en prime.
Le 26 juin a été déclaré un mois plus tôt comme étant jour férié, en mémoire des accords de Nouméa. L’occasion est trop belle pour manger des crêpes et boire du cidre ! Les signataires des accords en avaient-ils conscience au moment de signer ?
P.J mitraille la chatte d’Yvon avec son appareil photo, en tout bien tout honneur bien sûr... Puis va installer les photos sur l’ordinateur du bureau du Principal en fond d’écran, et en écran de veille. P.J rit sous cape, mais au lieu d’être gentiment gêné, Yvon est ravi ! L’équipe de direction du Collège de La Roche est constituée d’une belle brochette de couillons, c’est moi qui vous le dis !!!
Clémentine est de plus en plus éveillée (à 3 mois, quand même ! me direz-vous)… elle aime son tableau d’activités qu’elle manipule d’une main de fer et l’œil vif faisant virevolter ses petits rouages. Nous la couchons de plus en plus souvent dans l’ancien lit d’Aloha. Mais du coup, celle-ci a une furieuse envie de grimper à l’intérieur et de sauter sur le matelas en poussant des cris de bête… Forcément, ça ne loupe pas, la petite se réveille !
Ségolène Lesouef a envoyé 4 DVD pour Aloha. Cela nous soulage car passer les Dim Dam Doum et les Barbapapa en boucle nous donnait des chutes de tension de plus en plus préoccupantes… Les Aristochats sont devenus la nouvelle marotte.
Samedi 28 juin : Félipe, un chilien de l’université de Brisbane, en Nouvelle Zélande, est venu s’installer quelques temps sur Maré étudier… les corbeaux ! Ne souriez pas car ces oiseaux sont considérés comme une des espèces animales les plus intelligentes du monde. En effet, je comprends mieux pourquoi ces volailles dont les cris ressemblent à un ricanement semblent toujours se moquer de quelqu’un… elles ont un complexe de supériorité du fait de leur intelligence. Mais au fond l’intelligence qu‘est-ce que c’est, si le rire n’est plus le propre de l’Homme ? Si le XXe siècle a vu la naissance de l’intelligence artificielle, il faut espérer que le XXIe verra la disparition de la connerie naturelle… En l’occurrence, nos corbeaux ont été décrétés intelligents car ils utilisent des outils pour se nourrir. Ils découpent de leur bec des feuilles de pandanus en biseau (large à la base pour plus de rigidité et fin à la pointe pour plus de précision). Ils introduisent cet outil dans les trous de troncs d’arbre. Au contact de quelque chose qui le tâte, le ver de bancoule (connu pour sa connerie naturelle) ferme promptement ses mandibules, s’accrochant ainsi à la feuille taillée de notre corbeau. Le ver jura mais un peu tard que l’on y prendrait plus ! Mais « trop tard ! fit le fier, cette leçon vaut bien quelques vers… ou quelques verres », n’aurait pas dit mieux Boileau, qui aurait mieux fait de boire autre chose justement…
Dimanche 29 juin : Une amie fait irruption à la maison avec sa fille, affolées. Son mari, a voulu libérer son poney d’une bride qui le blessait au garrot. L’animal s’est dégagé d’un geste brusque. Le couteau du cow-boy s’est alors planté dans le cou de la bête. Branle-bas de combat pour A.V qui tente de rassembler quelques ustensiles, d’appeler la véto de Maré qui est en congé de maternité afin de lui emprunter des anesthésiques, des aiguilles et du fil. A.V n’a pas touché à un cheval depuis Maisons-Alfort, alors le stress monte au galop. Sur place, Jordy (le poney) est encore debout, mais sonné, l’encolure couverte de sang. La bête est K.O, mais elle résiste à l’anesthésique ! A.V hésite à cumuler les doses car elle a peur que dans son état de faiblesse, le poney saute la dernière barrière, sans retour… Mais il faut bien se rendre à l’évidence, il faut lui administrer une dose de cheval… il tombe enfin. Nettoyage rapide de la plaie, suture à l’arrache, la seringue anesthésique entre les dents. Le dernier nœud à peine serré, la bête recommence à bouger. Henni qui mal y pense, Yves et Saraï nous payent le champagne. Après une cure d’antibiotiques, Jordy coule à nouveau des heures paisibles dans son pré : dur, dur d’être un poney !
Semaines du 30 juin au 14 juillet : La voiture est toujours en rade, et le mécano de l’ALP est un peu dépassé par l’ampleur de la tâche… P.J examine à la loupe son contrat d’assurance, et obtient aux forceps l’évacuation de la voiture car il n’y a pas de garagiste expérimenté sur Maré. En attendant, nous avons ressorti les vélos : P.J met Aloha dans un siège vélo, et A.V met Clémentine en porte-bébé ventral. Le convoi attire l’attention. Nous en profitons pour nous arrêter et nouer un contact plus aisé avec les gens de notre tribu. Ainsi, nous assisterons à la réfection du toit de chaume d’une case. Une vingtaine d’hommes de la tribu est grimpée sur le toit, deux à terre leur lancent des bottes d’herbe séchée qu’ils tassent méthodiquement. Le propriétaire est fier de nous payer le café.
Les filles poussent à vue d’œil. Clémentine est de plus en plus éveillée et s’intéresse à tout ce qui l’entoure, un filet de bave en dit long sur sa concentration. Chaque après-midi, elle a cours avec son dragon multi-tactile, son tableau d’éveil et son éléphant psychédélique : ça fait beaucoup rire. L’humeur est excellente, mais les sourires se crispent un peu les jours de caca… Les nuits souffrent des ballonnements de Clémentine qui se réveille à nouveau 3 fois par nuit. Seule une tétée vient calmer les longues séries de pousseries improductives. Du coup, les joues ne s’arrondissent plus, mais deviennent carrées, tellement elle profite ! Nous n’arrivons plus à distinguer la cuisse, du genou, de la cheville ! Clémentine est grasse à des endroits où l’on aurait jamais cru que l’on puisse être gras : quelqu’un peut-il se vanter d’être gras du pied par exemple ? ou gras de l’occiput ? C’est bien simple, son petit corps est tellement bien rempli de chair à saucisse, qu’elle n’a presque pas de plis de peau. Alors mesdames, voici le secret beauté de Clémentine contre les rides : soyez grasses ! Aloha a désormais complètement adopté sa sœur. Les embrassades sont nombreuses, un peu étouffantes pour sa sœur parfois… qui trop étreint mal embrasse. A.V l’a surprise en train de donner le sein à sa poupée ! Elle est très fière de montrer à sa petite sœur combien elle saute bien à pieds joints, grimpe aux arbres ou exécute de superbes galipettes. Côté grimaces, le retourné d’œil autrefois qualifié de « yeux-à-la-retourne » ou « yeux-de pie-crevée » font même rire les parents. L’appétit reste mesuré, mais on ne lui voit pas les côtes… Elle traverse une petite période de cauchemar. Quand on lui demande ce qu’elle voit, elle parle de méchant monsieur… la TV ?
P.J aussi se réveille la nuit. Il essuie des épisodes d’arythmie cardiaque qui interrompent son sommeil. Un rendez-vous est pris sur Nouméa, et les analyses de sang ne révèlent que la nécessité d’être purgé… Sinon, il a retrouvé son poids de jeune homme à 73 Kg après avoir connu des pics à 83 Kg en métropole…
Les semis du jardin lèvent et avec eux tous les espoirs et la fierté portés comme une bannière de propagande soviétique : la récolte du Kolkhoze s’annonce prometteuse pareille à des lendemains qui chantent comme les chœurs de l’armée rouge ! Pas moins de six radis, six navets et six pieds de roquette étalent leurs grasses feuilles. P.J ramène de l’ALP (Annexe de Lycée Professionnel ayant une section horticole) 60 plants de salade et 30 de tomates… L’ambition agricole n’a plus de limite !
Samedi 5 juillet : Inauguration du Centre Culturel après rénovation. Espérons que ce centre ne soit plus la coquille vide qu’il était… Quant à la bibliothèque, les horaires d’ouverture sont affichés depuis peu, mais lorsque l’on se présente aux heures dites, nous trouvons portes closes… Bref, ce matin, l’heure est à la fête. Le vieux Kaloï fait patienter l’assemblée avec un conte à la morale suivante : il ne faut pas laisser s’envenimer une dispute même une petite sous peine de provoquer de grandes catastrophes. Il fait place ensuite à des danses locales exécutées par une troupe de La Roche. Cette troupe nous surprend par la beauté de ses costumes. Elle doit participer au festival d’arts océaniens à Pago-Pago aux îles Samoa américaines. Une pièce de théâtre en plein air, jouée et écrite par des maréens, raconte ensuite l’histoire des kanaks des origines à nos jours. Il n’y a pas de tabous, et les mauvaises conduites des blancs sont aussi fustigées que les dérives alcooliques et violentes des mélanésiens. Nous nous sentons mal à l’aise lorsque les scènes violentes (coups et viol) font rire les enfants et certains adultes. La pièce en elle-même est très bien jouée et ponctuée de chants magnifiques.
Lundi 14 juillet : Pique-nique à Eni avec une brochette d’amis. Nous en profitons pour abandonner nos enfants sur la plage afin d’explorer les fonds marins derrière le tombant de la barrière de corail : les occasions de plonger ensemble sont rares pour A.V et moi. Nous ne sommes pas déçus de notre expédition : une raie, une grosse tortue, une grande murène noire nageant d’une patate de corail à une autre (rare) ; et pour finir, alors que nous nous hâtons de rentrer car Fabien est venu nous dire en kayak que Clémentine était inconsolable, nous tombons nez-à-nez avec deux requins pointe blanche qui se mettent à tourner autour de nous. Nous palmons avec ardeur vers le platier. P.J replonge avec Fabien mais ils ne verront pas grand chose…
Vendredi 18 juillet : Cela fait 2 ans que nous avons posé le pied en Calédonie.
Visite du Haut-commissaire à Maré. Si la population est quasi totalement indépendantiste, l’accueil est chaleureux. Quand un homme, quel qu’il soit, se donne la peine d’aller à la rencontre et d’écouter les populations locales, il est remarquable de voir que les barrières idéologiques s’effacent. L’aérodrome est même décoré pour l’occasion. Le Haut-commissaire interrogera les Chefs coutumiers et le Maire sur les moyens de freiner l’exode des jeunes vers Nouméa.
Soirée chez des amis, où nous avons le plaisir de voir Aloha s’amuser comme une petite folle avec les autres enfants. Et deuxième motif d’émotion pour Sonpapa et Samaman : au cours de la soirée, ne voyant plus Clémentine, Aloha vient voir A.V en fronçant des sourcils : « est où …Mentine ? ».
Pour la semaine de vacances, P.J a loué une voiture. Nous allons acheter du miel chez l’habitant à Nece. En reculant la voiture, c’est le drame… Pour mieux faire voir une ruche à Aloha, P.J frôle un cocotier et casse un rétroviseur… Quand le rétro bat de l’aile devant la ruche, le Noël a le bourdon et le garagiste fait son miel, tu piges ?
Mercredi 24 juillet : Nous partons en randonnée à Shabadran. Chacun porte une fille : P.J porte Aloha sur son dos et le transat sur son ventre, et A.V porte Clémentine sur son ventre et un sac-à-dos sur son dos... Après une marche de 1h30, nous parvenons enfin à un des sites les plus beaux de Calédonie (si ce n’est le plus beau)… Imaginez la mer, les vagues s’abattent bruyamment contre des rochers en terrasses formant des cuvettes d’eau se vidant les unes dans les autres ; cette eau s’avance alors vers la plage de sable blanc pour former un mini lagon chauffé par le soleil ; au milieu de ce mini lagon règne un gros rocher fendu en deux, la mer s’infiltre en sa faille et tombe en cascade dans une sorte de baignoire au fond sableux ; l’eau y tombant au gré des vagues engendre une multitude de bulles formant ainsi un bain bouillonnant naturel ; autour de ce spectacle en perpétuel mouvement, se situent en haut de la plage des rochers sur lesquels poussent des pins colonnaires de 20 mètres de haut ; et enfin, formant le décor arrière de la plage, une falaise abrupte creusée de nombreuses cavernes. Fantastique.
Jeudi 25 juillet : Nous ressentons les 3 heures de marche avec les petites de la veille : nous sommes perclus de courbatures !
Samedi 27 juillet : Nous découvrons un nouveau chemin à vélo dans la tribu de La Roche.
Dimanche 28 juillet : 2 ans que nous sommes sur Maré, et 2 ans que nous n’avons toujours pas expérimenté une petite plage à 5 kilomètres de notre maison, à Hnaenedre. Nous nous y rendons à vélo. Nous effectuons une coutume au propriétaire, et nous engageons pendant 25 mn sur un sentier en forêt. Nous aboutissons effectivement sur une petite plage isolée entre les rochers faisant face à un petit lagon à la couleur bleue transparente. Le fait de ne plus avoir de voiture nous fait découvrir de nouveaux horizons… A méditer…
Ainsi ce termine ce journal qui boucle une période importante de notre séjour. Finalement, la vie a repris ses droits. Quand on analyse le lectorat des « Créateurs de beauté », on se dit que la Maison de la perle (The House of Pearl Institute) a encore de beaux jours devant elle… Le passage des Lesouef en Calédonie a laissé des marques profondes, pareilles aux saignées laissées dans le paysage par les mines de nickel à ciel ouvert. Du fardeau de leurs atours, ou du fard de cette terre rouge, en passant par le phare Amédée, rendons grâce aux Créateurs de beauté qui ont vraiment mis le paquet pour elle et pour nous !
Nous vous souhaitons de bonnes vacances, et à bientôt pour d’autres aventures !
Pierre-Jean, Anne-Violaine, Aloha, Clémentine, et Toffee…