Samedi 2 mai : Fête de l’avocat sur Maré. P.J fait toujours sensation en chantant en nengoné. Dans l’après-midi, nous partons pour la plage de Pédhé. Après avoir abaissé son siège conducteur pour installer Aloha sur son siège auto, le maudit siège reste coincé… Après 10 mn d’essais infructueux et d’agacement, P.J se résout à prendre le volant, dans tous les sens du terme. En effet, il se retrouve le nez collé au volant, plaqué par son siège retors. S’ensuit l’interminable fou rire d’A.V, l’incrédulité ou l’hilarité des passants face à ce qui s’apparente à une myopie improbable. Les nerfs de P.J sont à vif, c’est très dur de passer du statut de star du podium de la foire de l’avocat à celui de légume au volant de sa voiture. Malgré une hargne hors du commun, impossible pour la taupe d’enlever l’appui-tête itou pour se donner du mou ! L’humiliation dure des kilomètres… Au bout d’un moment, le supplice s’aggrave… Aloha commence à chanter une ritournelle insupportable : « Papa y est coinchéheuuuu, Papa y est coinchéheuuuu ! ». Une goutte perle sur la joue de P.J. Est-ce une goutte de sueur ou une larme ? Rien ne semble sortir de sa bouche… Soit les grandes douleurs sont muettes, soit on ne parle pas la bouche pleine de volant entre les dents…
jeudi 17 septembre 2009
Dimanche 5 avril 2009 - Vacances à Poindimié
Nous nous faisons déposer sur un ilôt désert, l’ilôt Tibarama. Nous redécouvrons la vallée de la Tchamba, toujours aussi verte. Avec ses vaches, elle a un faux air des basses Vosges où Heidi dévalerait la prairie en faisant des galipettes, et Charles Hingals fendrait du bois pour l’hiver. Nous découvrons la cascade de Kukengone. En voyant se déverser des paquets d’eau impressionnants, P.J se demande s’il a bien coupé l’eau avant de partir… Nous grimpons un à un les bassins qui se
succèdent. Pas de doute, nos filles ont du sang de biques : elles grimpent avec une rare dextérité. Nous arrivons au sommet de cette cascade. Nous surplombons le lagon tout en trempant dans une sorte de baignoire dans les rochers. P.J se demande ce qui le chatouille : ce sont des crevettes d’eau douce qui viennent chatouiller ses orteils. Tout à coup, P.J se demande ce qui lui pince le jarret, trouvant les crevettes bien insistantes… Ce sont maintenant des écrevisses qui remontent ses jambes !
La queue de Jasper...
Samedi 21 mars : Depuis un mois, A.V radote de la balade des cinq plages. Aujourd’hui, n’y tenant plus, c’est décidé, malgré un ciel maussade, la famille Noël s’en va pique-niquer, les filles sur le dos pour une randonnée de 5 kilomètres. Mais tout va de mal en pis… Au fur et à mesure de la randonnée, le ciel, de plus en plus bas, finit par nous tomber sur la tête. Tout commence par de la bruine, alors que nous nous arrêtons pour manger au beau milieu de nulle part dans la forêt puisque nous nous sommes perdus. Dans un éclair de raison au milieu d’un océan d’obstination, A.V reconnaît qu’il vaut mieux rebrousser chemin. Le ciel salue sa décision en déversant avec largesse des seaux au-dessus de nos têtes, et celles de nos filles. Aloha est muette, probablement choquée par l’inconséquence de ses parents, tandis que Clémentine dort… Mauvais présage, ou protection des anciens, un crâne est niché dans une petite cavité d’un rocher que nous contournons avec déférence. Après 3 heures d’errance à grandes enjambées, nous sommes fins contents et fins noyés au pied de notre voiture. Un avis de dépression tropicale (Jasper) avait en fait été lancé par le Haussariat, mais nous étions probablement les seuls à l’ignorer. D’où cet échange après de longues heures de silence : A.V : « On ne recommencera pas sans s’inquiéter de la météo…
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Au retour, nous découvrons une mer blanche déchaînée qui s’abat jusque sur la route.
Coquin de sort...
Autre victime de Jasper, ou damnation canine, Coquin, notre chien borgne et boiteux qui nous a adoptés depuis quelques mois, semble filer un bien mauvais coton. Il tremble tellement qu’il tient à peine debout. Pendant de longues heures, il se couche sur le flanc et hurle en faisant des bonds de carpe. Tous les voisins sont perplexes et choqués. Tous les regards se tournent vers les autorités compétentes (A.V). Dans son auguste savoir, le Docteur Noël, avec la mine sombre des pronostiques vitaux réservés, laisse tomber son terrible diagnostique : « pet au casque ». L’auditoire est médusé. Mais le quiproquo est consommé lorsque deux conversations parallèles s’installent, chacun dans sa bulle de croyance : Les voisins demandent à A.V d’agir. A.V en déduit qu’il faut qu’elle abrège les souffrances de Coquin en l’expédiant au paradis des chiens (manquerait plus qu’il doive tirer 30 ans de purgatoire avec ce qu’il a enduré !). Chacun se quitte dans sa bulle d’illusion croyant avoir conclu avec l’autre partie ce qui lui semble raisonnable : les voisins dans un délire curatif, la Science froide et rationnelle (A.V) dans un délire d’euthanasie. Chacun se congratule du choix courageux mais nécessaire effectué, chacun opine du chef, chacun comprend comme il l’entend les phrases inachevées que les adultes disent lorsqu’ils parlent de choses sérieuses et existentielles, chacun se salue bien bas, chacun rentre dans sa maison, chacun se met en pyjama dans son lit, chacun remet bien comme il faut son drap sous le menton, chacun a la conscience bien nette. Et, au final, personne n’a rien compris de ce que l’autre a compris. P.J se permet de tapoter sur l’épaule de la Science qui est en train de chercher fébrilement quelque produit létal dans son placard en lui faisant remarquer que « tout le monde s’attend à ce que tu sauves Coquin, et non à ce que tu le tues par un méprisable quiproquo… ». La Science doute, comme toujours ! Mais le mari de la Science croit savoir dans son petit cœur de Saint Vincent de Paul ce que la vox populi a, maladroitement peut-être, exprimé. Il se permet d’insister. La Science réfute, comme toujours ! St Vincent fait le dos rond, et avance à pas feutrés quelques exemples de phrases inachevés de la discussion sus-décrite face à la Science qui réclame des preuves, comme toujours ! Pas de produit létal dans la trousse mais des antibiotiques et anti-inflammatoires : Le destin de Coquin sera scellé par une vulgaire question de stock… Trois semaines plus tard, Coquin est complètement rétabli. Le voisinage porte aux nues la Science triomphante, comme toujours ! Tout en humilité, St Vincent préfère s’éclipser discrètement, préférant l’œuvre anonyme de la charité sans gloire, aux trompettes et flamboyants oripeaux. Chacun se congratule intérieurement de ses propres choix qui ont présidé au rétablissement de la victime. Mmmmh ! Coquin de sort…